le divan-blog des journalistes
La prochaine étape
Le mobile de la trahison de la gauche ( voir chronique précédente ), c’est donc l’Europe. Elle rend politiquement impossible l’abrogation de la loi sur la retraite à 64 ans. Sa ligne est à l’opposé, depuis au moins une quinzaine d’années. Il s’agit de réduire les systèmes publics de retraite dans les États membres. Et nos gouvernants, en France, s’inclinent, même s’ils ne l’avouent jamais.
En deux minutes, vous allez découvrir ce que prévoit exactement l’UE pour nos retraites. C’est à cette sauce que seront accommodés nos vieux jours.
8 décembre 2025
Retrouvez l'intégralité de la capsule ici :
Voici, résumé et clarifié, le dispositif communautaire ( références en fin de chronique ) :
Les principes économiques, sociaux et budgétaires de l’Union Européenne conduisent à exclure l’idée qu’un système de retraite national par répartition puisse être maintenu, dans une société vieillissante.
Cette ligne directrice est glaçante. Chez nous en France, ça donne : dès lors qu’il a l’intention de maintenir le pays à l’intérieur de l’UE, tout candidat à la présidence de la république va devoir gérer l’extinction de notre système de retraite.
Si les États membres ne font rien, les cotisations augmenteront, ce qui serait inéquitable pour les jeunes générations.
Berk, berk berk berk berk ! Quelle vulgarité dans ce faux argument moral. S’il était vrai que la survie des retraites est budgétairement impossible, quel besoin de verser dans le chantage affectif ?
Que faire ? Deux choses.
1 - D’une part, créer des systèmes d’épargne, autrement dit évoluer vers une retraite par capitalisation. Et pour répondre au danger, pointé par certains, de confier son épargne volontaire à des fonds de pension, l’UE propose de garantir les fonds investis.
Au moins c’est clair. Puisque l’UE entend confier au marché les secteurs non encore soumis à la concurrence, nous allons voir la santé, le troisième et le quatrième âge offerts aux intérêts privés. Que les candidats de gauche à l’élection de 2027 expliquent comment ils vont refuser les fonds de pension en France tout en restant dans l’UE ! Juste pour nous faire rire, un peu.
Mais le pire reste à venir, nous allons le découvrir dans la seconde ligne stratégique :
2 - D’autre part, il va s’agir de repousser l’âge de départ à la retraite. Quel serait le bon âge, selon l’UE ? Suivez son raisonnement :
Prenons, dans une région donnée de l’Union, le nombre de gens en âge de travailler. Par exemple, 320 000. Prenons ensuite le nombre de retraités, disons 170 000. L’idée est de veiller à conserver la même proportion entre les deux chiffres, pour ne pas augmenter la charge des retraites sur les actifs. Donc, dans une population vieillissante, il faudra retarder l’âge de départ à la retraite de sorte que l’on conserve cette proportion 17/32.
C’est pourquoi l’UE suggère, discrètement, de nous préparer, d’ici 2040, à repousser l’âge de la retraite à 68 ans dans le Finistère, à 72 ans dans le Cantal, à 76 ans ou plus dans la Nièvre.
Je sais, ça paraît incroyable. Mais qui aurait cru en 1982, quand Mitterrand institua la retraite à 60 ans, que les socialistes se rallieraient 30 ans plus tard à la retraite à 62 ans ? Et 40 ans plus tard, à 64 ans ? Et si les socialistes avalisent les élucubrations communautaires, qui nous protégera de la retraite à 72 ans, en moyenne en France, en 2040 ?
Incroyable, mais surtout inhumain, si l’on s’arrête une seconde aux implications sous-jacentes de ce projet. Car l’UE elle-même fixe à 64 ans l’âge limite de la capacité de travail d’un européen. A partir de 65 ans, on n’est plus en âge de travailler, estime-t-elle. Ce qui rejoint les chiffres français précisant que 64 ans est l’espérance moyenne de vie en pleine santé.
Donc, fixer l’âge de la retraite à 64 ans, c’est déjà supprimer à la population l’espoir ( ou le droit ) de profiter un peu de la vie en bonne santé.
Quant à attendre plus longtemps, jusqu’à 68, 72 ou plus, qu’est-ce d’autre que condamner les gens à travailler des années après épuisement de leur capacité de travail ?
Pour faire accepter cette évolution, il faudra adapter le dispositif aux populations fragiles : femmes, migrants, handicapés, dépendance. Et pour les pauvres, il faudra établir un minimum vieillesse.
Cet aménagement rejoint exactement la vision de tous les partis de gouvernement : aménager la décrue du système public de retraite. La gauche promet un minimum de l’ordre de 1000 euros par mois, Macron le réserve à ceux qui ont cotisé une carrière complète, mais bon… on est bien loin de l’abrogation.
Merci les gars, c’est agréable de vous voir distribuer l’aumône avec notre argent.
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Crédits
Photo titre :
Alice Cueye
Texte :
Oncle Vince pour le texte principal.
Le berk berk berk nous renvoie à Sophie Daumier, partenaire de Guy Bedos dans La drague. Tous les garçons en âge de vouloir rouler des pelles devraient voir ce sketch ; sans lourdeur, sans moralisme, une belle leçon de respect inter-sexe. Aux fans de repérer les autres micro-citations dans le texte.
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Extrait du Livre vert sur le vieillissement, Commission Européenne, 27 janvier 2021
4.3. Des systèmes de retraite adaptés, équitables et viables
La difficulté de maintenir des systèmes de retraite adaptés, équitables et viables dans une société vieillissante et la nécessité, pour les citoyens, de se constituer une épargne complémentaire ont été soulignées à plusieurs reprises, notamment dans les rapports sur l’adéquation des retraites publiés conjointement par le Conseil et la Commission25. Toutefois, en l’absence de nouvelles réformes, les taux de cotisation vont probablement augmenter et ceux du remplacement des retraites diminuer pour garantir la viabilité des finances publiques dans un contexte où les retraités sont plus nombreux et les personnes en âge de travailler moins nombreuses. Une telle évolution peut faire peser un double fardeau sur les jeunes générations et poser ainsi la question de l’équité intergénérationnelle.
L’allongement de la vie professionnelle est une réponse essentielle à cette situation. Selon les dernières projections démographiques d’Eurostat, le taux de dépendance économique26 des personnes âgées en 2040 dans l’UE resterait au même niveau qu’en 2020 uniquement si la vie active était prolongée jusqu’à l’âge de 70 ans. La situation varie toutefois fortement selon les États membres, ce qui illustre les différents défis à relever en Europe. D’après les projections, pour maintenir le taux national de dépendance économique des personnes âgées à un niveau constant en 2040 par rapport à 2020, l’âge de départ à la retraite devrait passer à 68 ans seulement à Malte, en Hongrie et en Suède, tandis qu’il devrait être porté à 72 ans en Lituanie et au Luxembourg. En 2019 déjà, le taux de dépendance économique des personnes âgées était très différent selon les États membres, allant de 22 au Luxembourg à 39 en Italie en passant par 38 en Finlande.
Les systèmes de retraite pourraient accompagner l’allongement de la durée de la vie active en adaptant automatiquement l’âge de départ à la retraite ou les contraintes de carrière, les taux d’accumulation des droits à pension ou les prestations de retraite afin d’intégrer l’allongement de l’espérance de vie. Limiter la retraite anticipée à des cas objectivement justifiés, instaurer un droit général au travail au-delà de l’âge de la retraite et mettre en place des régimes de retraite souples peuvent contribuer à faire en sorte que les régimes de retraite soient à la fois adaptés et viables.
Les réformes visant à moderniser les systèmes de retraite doivent prendre dûment en considération la logique de répartition et d’équité des systèmes de retraite. Les facteurs suivants pourraient être pris en compte: alourdissement du fardeau démographique pour les futures générations, traitement équitable des travailleurs qui entrent précocement sur le marché du travail, capacité de répartition entre les groupes de revenus, protection concernant les interruptions de carrière pour raisons familiales et suppression progressive des régimes de retraite préférentiels.
Les personnes qui ne seront pas en mesure de prolonger leur vie active à l’avenir devraient pouvoir percevoir une pension de retraite qui leur assure un niveau de vie digne une fois âgées. Cet objectif pourrait être atteint en instaurant, par exemple, un système d’octroi de points de retraite, un minimum vieillesse, des pensions basées sur la résidence et une assistance sociale ciblant les personnes âgées ou qui leur soit également accessible.
(25) Tous les trois ans, le Conseil et la Commission publient conjointement le rapport sur le vieillissement et le rapport sur l’adéquation des retraites (les prochaines éditions paraîtront en 2021).
(26) Le taux de dépendance économique des personnes âgées utilisé en l’espèce correspond au ratio entre le nombre de personnes âgées de 65 ans et plus et le nombre de personnes âgées de 20 ans à 64 ans. Il est exprimé pour cent personnes en âge de travailler (15-64 ans).
Pour le texte intégral, incluant des graphiques stupéfiants montrant à quel âge canonique nous pourrons partir en retraite dans le futur, en France et en Europe, voir, en version française :
https://www.europedirectpyrenees.eu/wp-content/uploads/COM_2021_50_livre_vert_vieillissement.pdf
Ils ont démasqué les coupables
Le mot abrogation a disparu des débats sur la retraite à 64 ans. Les groupes d’opposition à l’Assemblée Nationale se prennent les pieds dans le tapis à chaque « tentative » d’y revenir.
Deux journalistes ont eu le courage de crever l’abcès. Ils révèlent, sans haine ni violence, l’identité de ceux qui, dans l’opposition de gauche, enterrent subrepticement l’abrogation demandée par leurs électeurs.
30 novembre 2025
Retrouvez l'intégralité de la capsule ici :
14 avril 2023 : le Président de la République signe la loi portant à 64 ans l’âge de la retraite. La France gronde toujours, contre le texte et contre le procédé du recours à l’Article 49.3 de la Constitution. On attend maintenant le retour de la gauche au pouvoir ; elle abolira la loi scélérate. Vive la gauche. La gauche, vite !
Or voici que, à peine la loi promulguée au Journal Officiel, la NUPES (ex-NFP) arrête le combat. Alors qu’elle tenait un fabuleux argument électoral, et alors que Jordan, là-bas à droite, « allume le feu » sur le thème de l’abrogation, c’est le silence dans nos rangs.
Jérémie Bouchet-Petersen ( à droite sur la photo ) et Lilian Alemagna (celui de gauche), cadres du service France de Libération, décident d’en avoir le cœur net. Le 31 mai 2023, dans un amphi de la Sorbonne, ils parviennent à réunir les quatre leaders de la NUPES :
Marie Tondelier, secrétaire nationale d’Écologie - Les Verts
Manuel Bompard, « coordinateur » de La France Insoumise
Fabien Roussel, secrétaire national du PCF
Olivier Faure, premier secrétaire du PS
Retrouvez le débat avec ce lien :
https://youtu.be/JbZZ0icD_MY?si=aW-RQPhDsYdjTg9H
NB C’est le site de Libé, et c’est celui qu’il est bon de choisir en l’occurrence. Manuel Bompard prétend aussi en diffuser l’intégralité sur son propre site, ce qui est faux : 15 minutes ont été caviardées. Bompard n’est même pas un faisan, tout juste un faiseur.
L’intervention va durer une heure et demie. Nos vaillants journalistes vont opérer sans anesthésie, mais dans un climat bienveillant. Ils appartiennent au sérail, ils savent faire.
Après le tour de chauffe, Jérémie plante sa banderille :
Unité, crédibilité, d’accord. Mais où est la proposition commune, enthousiasmante ? Sur le côté politique-syndical par exemple, la gauche était en pointe dans le combat sur la retraite.
Lilian renchérit :
Pourquoi pas de proposition commune de vous quatre sur les retraites, qu’est-ce que vous faites demain si vous arriv…
Il ne pourra même pas aller au bout. Tondelier et Roussel lui volent dans les plumes :
Marine Tondelier :
Ah ça va pas recommencer…
( On se demande… recommencer quoi ? Est-ce sacrilège de revenir sur la question des retraites ? )
Fabien Roussel :
Non c’est pas vrai, non….
Et là, il nous joue un véritable sketch. Il va répéter 23 fois non, non, non, dans les 30 secondes suivantes. Bon. N’est pas Marchais qui veut, Taisez-vous Elkabbach, ça avait une autre allure…
La démagogie de Fabien Roussel
Lilian laisse passer l’orage et pose la question de confiance :
Alors, retour à 60 ans ?
Le Roussel :
Oui, l’horizon des 60 ans…
( l’horizon, ça signifie qu’au pouvoir, on ne déposera pas un projet de loi d’abrogation )
Mais il ne se contente pas de botter en touche. Il balance sa délirante proposition, tu te la repasses trois fois pour être sûr :
Partir plus tôt, et avec de meilleurs pensions.
Ce type est impayable. Il prétend augmenter les retraites et en plus diminuer l’âge de départ, mais… il refuse d’abroger une loi qui fait l’inverse ?
Faut savoir, ajoute Roussel, en grande forme. Est-ce qu’on fait campagne contre la retraite à 64 ans ou pour la retraite à 60 ans ?
Autrement dit : Est-ce qu’on fait campagne contre le SMIC réduit à 1200 € ou pour le SMIC augmenté à 2000 € ?
Il se moque de qui, ce gars-là, A qui croit-il s’adresser ? Le malheur, c’est que, dans la salle, ça a l’air de passer comme une lettre à la poste. Que Dieu pardonne aux fans de préférer les coupables aux mains sales, ceux qui ne veulent aucun repentir.
Olivier Faure, l’embrouilleur
Jérémie formule sa question avec tact :
Quand on vous interroge, au PS, la formulation est toujours nuancée, vous dites : 60 comme « un objectif », et pas 60 comme « on arrive au pouvoir, notre urgence c’est de faire voter la retraite à 60 ans ».
Olivier Faure :
60 ans c’est Mitterrand. Et Hollande, c’est : quand nous reviendrons au pouvoir, on reviendra à la retraite à 60 ans. Donc je suis dans les pas historiques des deux. Je ne mets pas sur le même plan tous les métiers. Je plaide pour une différentiation.
Quelle force ! Il commence par invoquer les mannes du grand François Mitterrand, pour finir par claboter lamentablement dans un discours de droite - repousser progressivement l’âge de la retraite mais en prenant soin, par charité, des gueules cassées par le travail.
Pour mémoire : fin 2010, Sarkozy fait voter une loi mal fagotée, repoussant l’âge de la retraite de 60 à 62 ans. Peu après, le candidat Hollande promet de revenir sur l’âge de 62 ans… pour les métiers pénibles. Autrement dit, il enterre définitivement la retraite à 60 ans. Évidemment, il n’est jamais revenu à la retraite à 60 ans. En 5 ans, il a dû manquer de temps.
Donc, quand Faure dit se situer dans la filiation de Mitterrand ET Hollande, il commet une pure escroquerie intellectuelle. En réalité il y a 2 camps opposés : 60 ans avec Mitterrand, contre 62 ans avec Sarkozy et Hollande. Faure dans les pas de Hollande ? On est mal barrés ( mais on est prévenus ).
Le cynisme de Manuel Bompard
Manuel Bompard a beaucoup de métier. Il détourne la conversation. Il pérore, nous raconte la vie, les prochaines élections européennes, et tout ça. De l’abrogation, il ne soufflera pas mot. Pas un mot alors que c’est le sujet posé sur la table !
Pour LFI, la retraite à 64 ans est entérinée. Pour les autres aussi, mais eux, Roussel, Faure, Tondelier, ils le disent. Lui, Bompard, ne dit rien. Il laisse des dizaines de milliers de militants y croire, et se battre encore deux ans, alors que LFI n’abolira jamais la loi.
L’aveu de Marine Tondelier
Des quatre, elle est la plus ( catastrophiquement ) franche :
On a marqué quelques buts, on a fait progresser la bataille des idées, on n’est pas crédité en termes de sondages, on est triste, je pense qu’on va surmonter ça, comment on réussit mieux la séquence suivante ? Sur la retraite on a fait ce qu’il y avait à faire… et c’est pas fini, je le maintiens, mais maintenant faut choisir les deux ou trois combats qu’on martèle pendant les trois années à venir.
Faut-il commenter ? Une apparatchik de bas étage, qui vit les revendications sociales comme des EDL ( éléments de langage ). Chez les Verts, nos retraites sont traitées exclusivement sous l’angle de la performance électorale.
Les coupables de la disparition, ce sont donc eux quatre
Merci à Jérémie et Lilian pour le boulot. Bien avant tout le monde, ils ont débusqué ceux qui, à gauche, voulaient enterrer le combat pour l’abrogation - il s’agit en fait des 4 partis de gouvernement, coalisés pour les élections. Maintenant, chacun reste libre, en connaissance de cause, de son bulletin de vote. Belle démonstration de ce que devrait être le journalisme politique.
Conclusion
Nous savons maintenant que notre camp, celui du progrès social, ruine toute chance d’obtenir l’abrogation par la voie démocratique. Aux quatre traîtres on peut ajouter ceux qui s’expriment depuis dans le même sens : Mélenchon, Glucksmann, Hollande, Cazeneuve, Autain, Ruffin… Aucun(e) ne prononcera le mot d’abrogation dans la campagne de 2027.
Alors, bien sûr, reste une dernière question : pourquoi ? Peut-être la vraie question…
Alors pourquoi ces trahisons unanimes à gauche ? A découvrir la semaine prochaine.
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Crédits
Photo titre :
Alice Cueye
Texte :
Oncle Vince pour le texte principal.
Un clin d’œil réservé aux inconditionnels, aux coupables, aux complètement fous de Muriel Moreno, qui seule peut chanter L’âme des vandales.
La scène du crime
Dans notre précédente chronique, nous avons constaté la disparition du mot abrogation dans le traitement politique et médiatique du conflit entre, d’une part, tout le pays, et d’autre part, Emmanuel Macron, sur la retraite à 64 ans. Pour élucider le mystère de cette disparition, nous allons nous rendre sur la scène de crime - l’Hémicycle. C’est en effet à l’Assemblée Nationale que le mot fut entendu en dernier lieu.
C’était l’automne, un automne où il faisait beau, une saison qui n’existe qu’à Paris. II y a juste un an…
26 novembre 2025
Retrouvez l'intégralité de la capsule ici :
Septembre 2024 sonne la rentrée pour la nouvelle Assemblée Nationale issue de la dissolution. Hormis ce qu’on nomme le « socle gouvernemental », tous les groupes détestent la réforme des retraites. Ça donne aux opposants 400 voix sur 577. Il ne reste aux députés qu’à se disputer les lauriers de sa mise à mort, inéluctable.
Octobre 2024 : tentative d’abrogation par la droite lepéniste
Le Rassemblement National s’empare du totem ; il est le premier à déposer une proposition d’abrogation.
Dès lors, on se tourne vers la gauche : à elle, par son soutien, de faire basculer la majorité. De tonitruants matamores ont clamé, à l’instar d’Alexis Corbière : on s’allierait même avec le Diable pour abroger ! Mais au pied du mur, bizarrement, toute la gauche parlementaire fait cause commune avec les macronistes pour accumuler les chausse-trappes.
La proposition de loi d’abrogation est enterrée par des manœuvres de procédure.
Novembre 2024 : tentative d’abrogation par la gauche parlementaire
Au tour de la gauche de s’y coller.
LFI dépose sa proposition de loi dans les mêmes termes que le RN - pourquoi se fatiguer ?
Marine Le Pen ordonne de s’y rallier. En commission, l’extrême droite vote avec l’extrême gauche, ce qui ouvre le chemin vers l’Hémicycle, pour débat et mise au vote de l’abrogation.
Mais les macronistes sortent le grand jeu. Ils font obstruction, jouent la montre. Ils parviennent à empêcher le vote dans le délai imparti.
Pas de vote, pas d’abrogation.
Comment est-il possible qu’une large majorité échoue à faire passer une loi ?
Il suffit d’empêcher les députés de voter. Et pour y parvenir, mobiliser toutes les ressources de la procédure législative1.
Ça ne vous questionne pas qu’une large majorité se laisse éconduire ?
On a souvent entendu que le groupe macroniste à l’Assemblée serait « un ramassis de branques ». Preuve est faite que ce n’est pas vrai, mais pas vrai du tout. Les macronistes ont roulé dans la farine toutes les équipes adverses, des plus expérimentés - socialistes, communistes, républicains, indépendants - aux plus agressifs - lepénistes, mélenchonistes, écologistes. Ces centristes gris, démotivés, en fin de règne, seraient donc les champions du monde du combat parlementaire ?
Ouais… j’ai comme un petit doute. Serait-il possible que, comme dans beaucoup de scènes de crime, nous soyons face à un set-up, un scénario destiné à leurrer la police ?
Y aurait-il une autre explication, qu’on voudrait nous cacher ?
Remontons le temps. Au printemps 2023, juste après le passage de la loi aux forceps ( 49.3 ), un petit groupe de députés ( LIOT ) tente déjà de l’abroger, en catimini, sans en faire un fromage. Une source proche de ce groupe raconte :
Notre animateur, Charles de Courson, avait pris soin d’ajouter, à la proposition d’abrogation, une proposition de financement, pour en neutraliser les conséquences budgétaires. C’est obligatoire. Il est allé au plus rapide, par manque de temps : le financement serait une « taxe sur le tabac ». Tout le monde se permet cette petite facilité, et personne n’est dupe. Si on prenait au sérieux les amendements gagés sur le tabac, plus personne ne pourrait s’acheter des cigarettes en France ! ( rires ).
Mais voilà… Il fallait que ça tombe sur nous… on se fait retoquer. La Présidente Braun-Pivet a dit « pas sérieux ». On s’est pris la porte en pleine poire.
J’appelle une avocate pointue pour en avoir le cœur net.
Elle explique que le droit, c’est ce que dit le juge quand il tranche entre deux adversaires qui tiraillent la loi. Les problèmes surviennent quand on n’a pas de juges. Dans la jungle, « le juge », c’est le plus fort physiquement. Dans les institutions, « le juge », c’est le plus fort politiquement. Ce qui ne va pas dans notre histoire, c’est que la présidente y va au culot, comme si elle était majoritaire. Or c’est à la majorité de dire le droit. En France, nous le savons depuis Mirabeau opposant, aux baïonnettes, la volonté du peuple.
Cette explication m’a rappelé le célèbre Vous avez juridiquement tort parce que vous êtes politiquement minoritaire, balancée en 1981 par André Laignel, député rose, dans les gencives de Jean Foyer, grand juriste soulevant pourtant avec brio l’inconstitutionnalité des nationalisations.
Ce que j’en déduis, c’est que, malgré tout le cirque à l’Assemblée Nationale depuis deux ans, l’abrogation était possible, et même assez évidente dans le rapport de force politique tel qu’il est.
La question est qui ? Qui aurait trahi ?
Dans notre prochaine chronique, nous auditionnerons sérieusement les suspects.
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(1) Denis Baranger, professeur de droit public à Paris-Panthéon-Assas, offre aux amateurs une analyse technique hyper détaillée de la bataille procédurale à l’Assemblée.
Crédits
Photo titre :
Photo @Assemblée Nationale
Graphisme Alice Cueye
Texte :
Oncle Vince pour le texte principal.
Ce texte rend hommage à Joe TaGaDa TaGaDa, le showman plus que parfait.
Le mot devenu tabou
D’un côté du ring, Sébastien Lecornu, fier comme s’il avait un bar tabac mais chef d’un gouvernement sans majorité. De l’autre, Olivier Faure, socialiste en loden mais socialiste quand même, autoproclamé champion de l’opposition à la réforme des retraites. Dans une démocratie responsable, le point de jonction serait évident : abrogation de la réforme, et en échange, on fiche la paix à un gouvernement « technique » pour gérer les budgets jusqu’à la présidentielle. Ce serait à la prochaine majorité de proposer et fabriquer une réforme des retraites, un peu plus acceptée.
Mais voilà, on habite en France, et la France c’est aussi un pays…
22 novembre 2025
Retrouvez l'intégralité de la capsule ici :
On le voit, le deal ne se fait pas. Pourquoi ? À chacun son idée. L’oreille psychanalytique peut apporter deux éléments de compréhension, en écoutant le discours ambiant dans les deux espaces du débat : le monde politique et la bulle médiatique.
Commençons par ausculter le concept-clé du débat : qu’entend-on par abrogation ?
Définition > abrogation d’une loi
Abroger vient du latin abrogare, qui signifie enlever. L’abrogation d’une loi est son annulation, pour l’avenir, grâce à une loi qui la supprime.
Mais voilà que, depuis la rentrée de septembre 2025 où on s'est mis à discuter à fond entre l’opposition et le gouvernement, on parle de tout… sauf de ça !
Monsieur Faure semble avoir oublié l’abrogation, malgré les milliers d’affiches ( cf photo-titre de cette chronique ) placardées par son parti dans le pays, pour dire NON aux 64 ans.
Au lieu de quoi, il parle de suspension.
Définition > suspension d’une loi
Interrompre l’application d’une loi dans l’attente de la survenue d’un événement futur.
Ce n’est pas vraiment la même chose !
Mais Monsieur Faure fonce. Il renonce à l’abrogation. Il épargne cet énième 1er ministre macronien dont il tient le sort entre ses mains. Une belle trahison, franche, assumée.
La machine est lancée. Un projet ( Lecornu ) est soumis au Parlement.
Et là, une deuxième surprise nous attend : le texte, analysé par quelques députés qui savent lire, n’est pas vraiment une suspension… mais un report.
Définition > report
C’est le fait de renvoyer à une date future.
La notion de report, dans le contexte, contient deux différences importantes avec la suspension : (i) le report est un simple déplacement dans le temps, qui ne suggère pas une renégociation, et (ii) le report est borné par une date certaine.
Disons le autrement : entre aujourd’hui et le 1er janvier 2028, on partira à 62 ans et 9 mois. Zéro négo dans l’intervalle. Et au 1er janvier 2028, se sera… soit une reprise de l’allongement progressif jusqu’à 64 ans, soit 64 ans direct, on ne sait pas trop.
Sur ce, Macron s’incruste dans la discussion : il s’agira d’un simple décalage, affirme-t-il.
Or décalage et report, c’est la même chose. Taisez-vous, vous ne servez plus à rien, Monsieur le Président.
Qui se soucie de vous ? Pas nous.
Finalement, le texte soumis au vote est bien un simple report, sans rediscussion. Le 13 novembre, la suspension passe, facile, à l’Assemblée nationale : 250 voix contre 150.
Faure applaudit très fort pour couvrir la cacophonie à gauche.
Mais, curieusement, même chez les opposants, on n’entend plus le mot abrogation. On l’a escamoté.
Pour en avoir le cœur net, j’interroge Chat-GPT :
Fais-moi un résumé sur ce qui s’est passé depuis le vote de la loi sur la retraite à 64 ans.
Dans sa réponse, le nombre d’occurrences du mot abrogation est égal à : zéro.
Bingo !
Mais j’insiste, par acquis de conscience. Deuxième consultation :
Fais-moi un résumé critique !
Même résultat. Chat-GPT n’affiche jamais, lui non-plus, le mot abrogation.
( les 2 réponses du Bot sont jointes au bas de cette chronique )
C’est donc bien une réalité : on a effacé le mot abrogation.
Reste à comprendre pourquoi la presse semble aider la classe politique à enfouir le mot.
Je parcours les articles sur la négociation Lecornu. Ils recourent à des contournements : gel de la retraite à 64 ans, coup de frein sur la mise en place de la réforme, la retraite à 64 ans est en pause. Ce qui est d’ailleurs parfaitement exact. Mais :
Pourquoi personne ne rend compte du fabuleux retournement de veste des écolos, des socialistes, des communistes, des (in)soumis, des lepénistes, etc… plus de 400 députés sur 577 qui se sont faits élire sur l’abrogation ?
Pour tuer la chose, on a tué le mot.
Dans les prochaines chroniques, nous allons regarder ces deux questions : que veulent vraiment nos représentants, et comment se débrouille la presse dans ce jeu de dupes.
Vous me direz, pourquoi tant se polariser sur la question ?
Parce que :
À tout moment, l’abrogation est possible, la majorité existe, le projet de loi est simple et déjà rédigé ( par les députés du petit groupe indépendant LIOT ) :
La loi n° 2023‑270 du 14 avril 2023 est abrogée.
Ha c’est rageant !
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Crédits
Photo titre :
Alice Cueye
Texte :
Oncle Vince pour le texte principal.
Je m’inquiète un peu en signalant pour la seconde fois un emprunt à Michel Sardou - droitier mais grand chanteur tout de même. Pour me faire pardonner, je vous ai offert un clin d’œil à gauche, citation d’un sketch de Coluche. Bon, j’ai peut-être rechuté avec une troisième citation, de Jacques Dutronc, mais lui est un extraterrestre.
Texte de Chat-GPT sur la réaction des citoyens français à la loi sur la retraite à 64 ans
Depuis l’adoption de la loi du 14 avril 2023, qui a porté l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans, la France a connu une période marquée par des tensions sociales et une contestation persistante. La réforme, présentée par le gouvernement comme une nécessité pour garantir la pérennité du système de retraite face au vieillissement de la population, a été largement critiquée pour son impact sur les travailleurs, en particulier ceux ayant des carrières longues ou exerçant des métiers pénibles.
L’utilisation de l’article 49.3 pour faire adopter la loi sans vote a exacerbé le mécontentement, suscitant des accusations de déni démocratique. Cette décision a entraîné des manifestations massives et des grèves, montrant une opposition significative de la part des syndicats et de la population. Malgré des tentatives d’apaisement, comme des aménagements spécifiques pour certaines catégories de travailleurs, ces mesures ont été perçues comme insuffisantes.
En 2024, le gouvernement a lancé des consultations pour recueillir des avis sur la mise en œuvre de la réforme, mais cela a été considéré par certains comme une démarche tardive et peu convaincante. Les débats autour de la justice sociale et de l’équité se sont intensifiés, mettant en lumière les inégalités qui persistent dans le système de retraite.
Dans l’ensemble, la réforme de 2023 a non seulement révélé des fractures profondes dans la société française, mais également mis en exergue les défis auxquels le gouvernement fait face pour équilibrer viabilité économique et justice sociale. Les tensions demeurent, et la capacité du gouvernement à répondre aux attentes des citoyens sera cruciale pour l’avenir du système de retraite en France.
Texte critique de Chat GPT sur la réaction des citoyens français à la loi sur la retraite à 64 ans
Les citoyens français expriment des attentes variées et souvent divergentes concernant la réforme des retraites et l’âge de départ à 64 ans. De manière générale, une large partie de la population s’oppose à cette augmentation de l’âge de départ, la considérant injuste et pénalisante, surtout pour les travailleurs ayant des carrières longues ou des métiers pénibles. Beaucoup estiment que la réforme ne prend pas suffisamment en compte les disparités entre les différentes catégories de travailleurs.
Les citoyens souhaitent également des mesures qui garantissent une retraite décente, avec des pensions suffisantes pour vivre dignement. Ils réclament des ajustements qui permettent de partir plus tôt pour ceux qui ont commencé à travailler jeunes ou qui ont des parcours professionnels difficiles. Par ailleurs, il existe une demande croissante pour une plus grande justice sociale et une réforme qui prenne en compte les inégalités existantes, notamment en intégrant des éléments comme les périodes de chômage ou de congé parental dans le calcul des droits à la retraite.
Enfin, beaucoup de Français souhaitent un véritable dialogue social avec le gouvernement, afin que leurs préoccupations soient entendues et prises en compte dans les futures réformes du système de retraite. En somme, les attentes des citoyens se tournent vers une réforme plus équitable et respectueuse des réalités du monde du travail.
Puisque tu pars
Madame Isabelle Caroff quitte la direction RH de France Télévisions pour courir le Monde. Celui qui va la remplacer sera le 5ème DRH en l’espace de 10 ans. Bien curieux turn-over. Faudrait-il se contenter du buzz ambiant pour expliquer le départ d’Isabelle ? Le combat dans le panier de crabes, la rate qui quitte le navire, l’irrésistible burn-out ? Si on veut. Ce serait comme choisir la pilule bleue… et fin de l’histoire.
Mais si vous les trouvez trop faciles, ces explications, croquez la pilule rouge.
10 novembre 2025
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Quittons la Matrice.
Nous voilà propulsés dans l’espace.
Vous savez, cet espace où personne ne vous entend crier…
Un point gris grossit et se rapproche.
Le cargo spatial Nostromo.
Traversons la paroi du gros vaisseau.
Nous voici à l’intérieur. Allongé sur une table d’examen, nous voyons Thomas Kane ( joué par John Hurt ), l’officier-en-second.
A l’intérieur de son corps vit et grandit Chestburster.
Bientôt le monstre s’affranchit de sa matrice humaine en explosant la poitrine de Kane, enveloppe devenue aussi inutile que le placenta pour le nouveau-né.
Thomas Kane, c’est France Télévisions.
Chestburster, c’est son service RH.
Et le service RH FTV, c’est deux choses : une masse financière, et une culture administrative.
L’Argent du service RH
Chaque 1er janvier, le service RH reçoit un budget de 1 milliard € dédié à la masse salariale. Un tel déluge de blé sans effort, toutes les sociétés de droit privé en rêveraient. Même chez TF1 SA, l’argent, il faut aller le faire, chez des clients, toute l’année. A France Télévisions SA, pas de souci, l’Actionnaire c’est l’État, c’est le Trésor public qui collecte.
Étonnez-vous que France Télévisions soit la plus grande fabricante de vrais-faux emplois pour les copains. D’une certaine façon, le service RH, c’est une blanchisseuse. La façade légale : payer les hommes et les femmes qui font la télévision. Et la face cachée : discrètement, engraisser les amis.
Une machine que les gouvernants trouvent intérêt à entretenir, c’est cela, le service RH de France Télévisions. Et l’histoire des « économies », cette énorme intox, on y reviendra.
La Culture du service RH
La culture administrative - cogérer le personnel via un statut, et en binôme, syndicat et direction RH - a structuré le rapport social dans la télévision publique, et par suite, a modelé la machine RH. Au début des années 2020, les deux postes les plus importants du service sont occupés par une ex-responsable syndicale des journalistes ( Laurence Mayerfeld, la DRH en chef ) et par un expert CE qui travaillait pour la CGT ( Jacques Denoyelle, DRH en charge du dialogue social ). Consanguinité absolue, mais peut-être nécessaire.
Pour nous résumer :
Aujourd’hui, le service RH de France Télévisions, c’est un organisme vivant, si gros qu’il s’est autonomisé de la direction générale, du conseil d’administration, de la tutelle. Fort de plusieurs centaines d’agents ( de 350 à 600 personnes selon les sources ), pilotant un budget annuel de 1 milliard €, il est devenu à lui seul ce que l’INSEE appelle une ETI, une Entreprise de Taille Intermédiaire.
ETI.
On commence à comprendre ce qu’Isabelle a trouvé en arrivant.
ETI a sa logique propre : se perpétuer. Son organisation interne, en deux pôles antagonistes mais complémentaires et interdépendants - le pôle syndical et le pôle hiérarchique - lui confère une robustesse et une force d’inertie qui le préservent de tout éventuel prédateur, PDG, tutelle, Cour des comptes. ETI est une grosse boule impénétrable. Et elle fait bloc.
Et Isabelle, il aurait fallu qu’elle s’impose, qu’elle domestique l’ETI ? C’était perdu d’avance.
Elle aurait dû s’écraser, laisser rouler. Car la machine… tourne… toute seule !
Vous croyez que j’exagère ? Alors voilà :
Entre 2022 et 2023, le poste libéré par le prédécesseur de Isabelle va rester vacant plusieurs mois. Des mois ! Comment peut-on laisser sans pilote, une seule semaine, une ETI ?
Je pourrais accumuler les exemples, dans tous les services ( sauf le service paie, le seul service RH utile dans FTV ). La réalité est que la machine fonctionne en automatique. Personne ne la débrayera. On peut la détruire, pas la conduire. Le machiniste ne peut que… la servir.
DRH de France Télévisions, ça consiste à laisser vivre les baronnies, à tendre le dos et courber l’échine face à la patronne, et pour y trouver son compte, jouir de son pouvoir sur les salariés. Or ça, elle n’a pas su faire.
L’écartèlement, prévisible, se produisit vite.
La dernière DRH a tenu 30 mois. Elle a boosté sa valeur marchande en passant par France Télévisions. Mais l’ETI toxique, dans une maison de fous, ça va un temps. Elle part.
Isabelle Caroff aura été la moins pire des quatre derniers DRH. Respect.
Et bon courage au suivant.
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Crédits
Photo titre :
Photo Isabelle Caroff
Graphisme Alice Cueye
Texte :
Oncle Vince pour le texte principal.
Les amoureux de musique populaire auront reconnu le titre hommage à JJ Goldman bien sûr. Cette chanson sur l’enfant quittant le nid familial date de 1987 ; elle fait écho au She’s leaving home des Beatles, écrit une génération plus tôt.
Et les amoureux de cinéma auront reconnu deux œuvres majeures de la Science-Fiction, The Matrix ( Les Wachowski, 1999 ), et Alien ( Ridley Scott, 1979 ), dont le terrible sous-titre nous ramène à Miss Caroff : In space no one can hear you scream.
Tous au parloir !
Sarkozy a beau mettre en scène son incarcération, il ne devrait plus revenir aux affaires. Certes, il sortira vite de prison, avant le Réveillon. Mais politiquement, de lui, il ne reste déjà qu’une charogne. Hyènes et chacals rôdent.
Vous les connaissez, ils se succèdent au parloir.
31 octobre 2025
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Gérald Darmanin
C’est le plus vorace.
Il a clamé son intention de rendre visite à Sarkozy en prison. Et il l’a fait, malgré les protestations. À l’approche de 2027, il drague les électeurs de la droite modérée, et veut s’attacher le soutien du camp de l’ex-président. Son pari : que le peuple de droite le préfère à ses concurrents.
Cela étant, il occupe l’éminente fonction de Garde des Sceaux, Ministre de la Justice. Sa mission est de défendre l’autorité judiciaire. Un rôle essentiel. De notre République, la séparation des pouvoirs est un pilier aussi fondamental que les deux autres : la démocratie représentative (élection des dirigeants) et l’État de droit ( soumission de tous, y compris l’État, à la règle de droit ). Si la justice sombre, la république tombe.
Qu’aurait-il dû faire ? Se rendre, sans photographes, à la 32ème chambre correctionnelle ( qui a condamné Sarkozy ). Assurer les magistrats de son soutien. Idem à la Cour d’appel de Paris, qui va rejuger l’affaire. Idem au Conseil Supérieur de la Magistrature. Enfin convoquer une conférence de presse pour remettre les pendules à l’heure : quoi que décide la justice française, le gouvernement sera solidaire et exécutera sans mot dire.
Bon, vu l’envergure personnelle de ce garçon, on est tranquille.
Passons aux deux autres magnifiques spécimen de notre personnel politique :
Danièle Obono et Ugo Bernalicis
Ces deux députés LFI, flanqués de deux journalistes, se font refouler à l’entrée du quartier VIP de la Santé. Quartier VIP où, comme par hasard, séjourne Sarkozy. Ils se plaignent direct, dans les médias, et en justice, outragés qu’on piétine leur droit de parlementaires.
Ben non. Le rôle des parlementaires n’est pas de débarquer dans une cellule contre le gré de son occupant. Leur rôle, c’est de contrôler les conditions de détention, pour garantir leur conformité aux droits de l’homme. Madame Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, l’a rappelé à juste titre.
Qui imagine Sarkozy maltraité dans sa cellule individuelle équipée, avec salle-de-bains et toilettes séparées, assortie de deux pièces adjacentes pour ses gardes du corps, et un régime alimentaire de faveur servi, non par des prisonniers, mais par les gardiens ?
À quoi jouent ces « députés » ? De qui se moquent-ils, à nier vouloir rencontrer Sarko et le photographier ( pour réussir un cliché dévalorisant ? ). Leur entreprise constitue une pure atteinte à la vie privée. Ils ont, sans surprise, perdu leur procès.
Il se pourrait bien que Sarkozy soit déclaré délinquant, traître à la Nation, parrain mafieux. Et il faudra le punir comme tel. Pour autant, rien n’autorise ni n’autorisera, en République, à le traiter comme une bête de foire.
Obono et Bernalicis sont élus non pas parce que les électeurs adhèrent à leur personne ou à leurs pratiques, mais seulement parce que Mélenchon en a décidé ainsi. Députés, ils exécutent sans talent la stratégie mélenchonienne de bordélisation de la vie politique.
Enfin, pour la bonne bouche, le chacal en chef :
Emmanuel Macron
Lui ne se déplacera pas au parloir. Il a fait mieux : recevoir Sarkozy à l’Élysée, entre la condamnation et l’incarcération.
C’est, de la part du chef du pouvoir exécutif, une agression, caractérisée, contre la justice.
Macron n’a plus rien d’un président de la république, il est juste un homme agité par la peur. Et il a cent fois raison : s’il ne parvient pas à l’entraver, la justice française risque fort de lui facturer une addition politique similaire à celle que Sarko va payer le reste de ses jours.
Le psy est intéressé par la similitude de ce que montrent Macron et Darmanin de leurs psychés respectives. Leur destin personnel y prend toute la place. La culture du bien public leur est étrangère ( absente du surmoi ). Autrement dit, rien d’autre que leur équation personnelle ( le ça ) ne préside à l’arbitrage de leur conscience ( le moi ). Il se pourrait bien que Sarkozy, le profil dans lequel ils se reconnaissent peu ou prou, soit également un cauchemar. La perspective de se retrouver à sa place les terrifie.
La morale de cette incursion dans la vie des animaux
Ces chacals de droite, et ces hyènes de gauche, poursuivent des objectifs autonomes. Mais tous concourent à faire peser, sur la collectivité nationale, une menace, de la livrer à l’injuste, à l’arbitraire.
Que le 21 octobre, jour de l’incarcération de Sarkozy, ait été complaisamment mis en scène toute la matinée, avec les mêmes images, les mêmes angles éditoriaux, le même voyeurisme, les mêmes commentaires, par nos 4 chaînes info, la publique et les privées, n’est pas pour nous rassurer.
Sans une presse libre et vigilante, nous risquons de subir, les yeux bandés, ces règles un peu truquées du jeu qu’on veut nous faire jouer, et de perdre jusqu’à la conscience du cynisme autocentré de nos gouvernants.
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Crédits
Photo titre :
YAHOO / Getty images
Texte :
Oncle Vince pour le texte principal.
Coucou à JP Capdevielle, bien sûr, passé avec succès du journalisme à la chanson.
Dans le cerveau du génial Pascal
Je ne saurais pas dire le processus physiologique qui fait qu’au bout d’un moment y’a un truc marrant qui sort du crayon ( vià93, 11 novembre 2017 ).
C’est ainsi que, trop modeste, Pascal Gros parle de son talent de dessinateur de presse. La psychanalyse et la neurobiologie peuvent-elles nous aider à éclairer le mystère de la création chez les grands cartoonists ?
30 octobre 2025
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On pense en premier lieu à l’intelligence.
Personne ne sait la définir, et pourtant, on sait bien que l’intelligence, ça existe ! En psychologie, on se contente de mesurer des capacités cognitives - raisonnement, vitesse, verbalisation, mémoire...
La psychanalyse se montre plus tranchante, proposant une échelle très simple :
On mesure l’intelligence d’un individu à son sens de l’humour.
Ce n’est pas une boutade ; Freud explique l’humour par le travail inconscient de la psyché, cherchant un exutoire à une tension psychique. Pour lui, c’est comme si les capacités intellectuelles trouvaient à s’y investir pleinement. D’une certaine façon, il nous dit que l’homme intelligent fabrique de l’humour, pour installer et réinstaller la quiétude dans « sa maison ».
Tiens donc… on a pensé à l’intelligence, on est vite arrivé à l’humour.
Mais la créativité, l’imagination, l’invention ?
La génétique et la neurobiologie modernes en offrent une clé de compréhension majeure :
Nous devons regarder notre cerveau comme un réseau de milliards de câbles ( neurones ), reliés par leurs extrémités ( synapses ), dans lesquels circulent de l’information, par impulsions chimiques ou électriques. La problématique du cerveau humain se résume à deux enjeux : développer le réseau, et l’approvisionner en énergie car il en consomme beaucoup.
Des connexions entre neurones se créent quand nous faisons l’effort d’apprendre, de mémoriser, d’aller dans l’inconnu. Ces connexions se fortifient au fur et mesure de leur utilisation. Être « bon » dans un domaine, c’est tout simplement avoir pu construire dans son cerveau des connexions puissantes et nombreuses. Alors se produit un petit miracle, on se met à aimer ledit domaine ; c’est en fait notre cerveau qui nous remercie.
Donc inutile d’envoyer nos enfants chez les conseillers d’orientation ; tous, ceux du lycée, et les indépendants qui coûtent affreusement cher, finissent toujours par conclure : que ce jeune fasse ce qu’il aime. Mais c’est que de la crème, de la pommade rose, du cirage, de la gomina ! Dans la réalité, c’est tout le contraire :
On ne fait pas bien ce qu’on aime, on aime ce qu’on fait bien !
Postulons que Pascal Gros dispose d’un cerveau anatomiquement et fonctionnellement normal.
À 27 ans, il entre chez Marianne. Dans son cerveau sont déjà installés les câblages de sa jeunesse : le dessin, l’écriture, la politique, des valeurs - l’indépendance, la tolérance…
Tout ça, le jeune Pascal aime. Assez pour oser vouloir cartooner dans un news magazine, un poste très particulier, et difficile, dans la corporation des journalistes professionnels.
Pendant les 27 années suivantes, son cerveau sera un chantier permanent. Chaque semaine il doit trouver des idées, et si possible, marrantes. Et recommencer, mois après mois, année après année. On peut redouter pour lui une lassitude, une baisse de l’énergie. C’est tout le contraire : son cerveau se muscle.
Les idées viennent plus facilement. Plus claires, moins consommatrices d’énergie. Il parvient à une synthèse extrême. Voyez comment il résume, en 7 mots, toute la problématique de la formation du gouvernement : ça te dirait d’être ministre cette semaine ?
Et puis sa main reçoit des impulsions, de plus en plus simples avec le temps. Regardez ses portraits de Sarkozy dans les années 2000. Il était un autre dessinateur, au trait plus figuratif qu’expressif. Un style foisonnant. Trop soucieux de bien faire ?
Aujourd’hui, en quatre traits, il croque et nous fait reconnaître l’hyper banal Sébastien Lecornu. Quelques taches de couleur autour, quelques lignes pour le décor, et voilà le 1er ministre dans son jus. Son style s’est épuré. Et c’est bien plus efficace.
Pascal Gros nous fait passer en trois secondes un édito politique, avec intelligence et distanciation. Et de plus, il travaille en toute intégrité : si ce 1er ministre n’avait pas été un séide de Macron, mais de Mélenchon ou de Le Pen, son dessin aurait été le même.
N’est-ce pas là la définition d’un super journaliste ?
Nota Bene
La chronique « objective » est terminée. Place à la confession : le regard de Gros, sa sensibilité, je ne parviens pas à les ranger dans la colonne « apprentissages » du cerveau.
Prenons par exemple les bras de Lecornu, redessinés par Gros :
La main droite est juste esquissée. Doigts pointus, trait négligé. Comme si, dans un souci didactique, Gros voulait se limiter à l’essentiel. Mais en réalité, c’est toute la finesse de la vraie main du sujet, qui est ici rendue.
Regardons maintenant le bras gauche, bizarrement relevé, smartphone à l’oreille. Or les humains gardent le coude plutôt le long du corps, stabilisant ainsi la posture. Pour comprendre ce choix de Gros, allons voir Lecornu répondre aux questions au gouvernement, dans l’Hémicycle. Comme atteint d’un tic comportemental, Le 1er ministre lève le coude en manipulant le micro sur sa tige flexible…
Gros a repéré tout ça !
La neurobiologie n’explique pas tout. Ce type est un génie.
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Crédits
Photo titre :
Dessin Marianne / Gros
Photo Alice Cueye
Texte :
Oncle Vince pour le texte principal.
Coucou aux fans de Souchon et Voulzy qui ont repéré les discrètes citations enfouies dans la chronique, extraites des couplets 1 et 4 de On s’aime pas ( album Rame, 1980 ).
Du vide pour les veules ?
Ce mardi 28 octobre 2025, la ministre de la Culture a été entendue en commission, au Sénat, officiellement sur son projet de budget 2026. Mais ce qui nous intéressait, c’était le croustillant : la sécurité du Louvre, la fusion de l’audiovisuel public, le procès à venir de Rachida pour corruption.
On a été comblés.
29 octobre 2025
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Liquidons l’ordre du jour officiel, le budget.
Tout d’abord, le budget de la culture proprement dit. Il est de 4,5 milliards €
Chiffre énorme, mais financer le patrimoine, les bibliothèques, les spectacles, c’est important. C’est même une fierté, dans une société qui se développe. En revanche, si le pays allait mal, ce serait délirant, et même honteux. Donc on se demande si le pays… va si mal.
Et ce n’est pas fini. Il faut ajouter un second budget : l’audiovisuel public, rattaché à la Culture. Il est de 4 milliards €
Ça, c’est tellement fou que, si l’on prend un peu de recul, on voit bien que, pays riche ou pas, France Télévisions et France Inter pour un tel prix, ça risque de ne pas durer…
Rachida, qui aime faire la grenouille, gonfle son trésor de guerre en additionnant les deux budgets. Soit. Elle est donc à la tête d’un budget total de ( 4,5 + 4 ) :
8,5 milliards €
Et ça la rend très contente. Alors si Manu veut des économies, elle lui fera plaisir. Zyva descends Manu, viens nous la raconter l’histoire !
Combien d’économies ?
-0,2 milliard €
C’est tout ? 200 millions, c’est si peu qu’on se demande si l’ordre élyséen ne serait pas, quelque part, de la fumisterie. De la com. Dans un but politique autre que budgétaire. On y reviendra dans les chroniques sur l’avenir de la télévision publique.
Rachida corrige illico. Son budget sera donc > ( 8,5 - 0,2 ) :
8,3 milliards €
Mine solennelle de l’enfumeuse : elle parle de contexte budgétaire contraint ; ça sonne bien. Elle simule le volontarisme. Des phrases appuyées, un ton décidé, un débit rapide. Elle assume, sans renoncer à rien. Mais la réalité, c’est juste qu’il y aura des coupes budgétaires partout.
Cela dit, elle est sincère à sa façon. Sur le Louvre, elle promet de « punir les responsables », ça ne ça coûte pas cher ! Et, pas cher non plus, elle promet d’installer des caméras « périmétriques » sur le quai de Seine.
Pour le reste, que pouvait nous apprendre Rachida ? Tailler dans les dépenses ? Elle ou un autre ministre, ce serait la même histoire. Mais pourquoi ne pas le dire ? Pourquoi tout ce cinoche de ministre super active, républicaine, soucieuse des exclus de la culture ?
Quelques exemples de ses désolantes annonces :
La carte de bibliothèque à la naissance ( bien sûr, nos fœtus sont des surdoués ).
Le Prix du livre pour bébés ( j’adore que mes impôts puissent servir à ça ).
Le pass Culture enfin géolocalisé. Elle le dit drôlement : j’ai réformé le pass Culture. Là, une sénatrice de gauche a un peu gigoté sur son siège : Quand même, elle se la pète, là, non ? …
Un petit dernier ? Son clin d’œil aux 45 % de Français qui ont voté Marine. Madame la ministre va facturer plus cher l’entrée des musées aux visiteurs étrangers… extra-européens. Ça veut dire quoi, ça ? Son cousin resté au Maroc va payer plus cher que son autre cousin installé à Munich et naturalisé allemand ?
Ce qui est incroyable, c’est qu’aucun sénateur ne moufte. Même après avoir auditionné, la semaine dernière, Madame Laurence des Cars. Selon la directrice du Louvre, La Joconde, Niké de Samothrace, la Vénus de Milo, bref, tout le monde supporte un fort sentiment d’insécurité. Sous-entendu : débloquez des fonds ou je ne réponds de rien.
Mais puisque la ministre de la Culture leur dit qu’il n’y pas de blé… ils ferment le ban.
J’arrête là. Ras la casquette. Je m’apprête à cliquer sur stop quand le président Lafon donne la parole à une dernière oratrice.
Madame Paulette Matray, vénérable sénatrice socialiste de Saône-et-Loire, lit sa question :
Madame la ministre,
Entre deux fonctions éminentes au sein de la République, vous vous êtes inscrite au Barreau. Vous auriez pu y faire ce que ce métier a de plus noble : défendre. Vous avez préféré une activité de conseil, ce qui est votre droit.
Vous vous êtes dévouée à la cause… d’une entité juridique établie à l’étranger, à laquelle vous avez facturé plusieurs centaines de milliers d’euros, justifiés par des « conseils », que vous lui auriez semble-t-il délivrée des centaines d’heures durant, puisque vous faites état d’un tarif horaire de mille euros. Ce qui est encore votre droit.
Vous avez été mise en examen. Le Président Mitterrand et le Président Hollande avaient institué et réinstallé la règle voulant qu’un ministre mis en examen démissionne. Le Président Macron, lui, n’est pas clair sur la question. Vous en avez profité pour rester ministre.
Aujourd’hui, vous êtes déférée en correctionnelle. Vous allez être jugée. Jusqu’où comptez-vous vous maintenir au gouvernement ? Ma question n’est pas rhétorique. A force d’user de votre droit à tout prix, mais à un poste où la probité ne supporte aucun soupçon, vous heurtez la morale commune.
Notez bien que, respectant la présomption d’innocence, personne ici ne vous a mis sur la sellette. Je tenais juste à éviter un malentendu. En effet, à nous comporter comme si de rien n’était, nous vous offririons le soutien implicite du Sénat. Or il n’en est rien.
Madame la ministre, veuillez agréer l’expression, à la fois du respect dû à votre fonction, de notre compassion pour une femme attaquée à titre personnel, et de notre totale désapprobation envers tout ministre qui nuit à la République en s’accrochant à son mandat alors qu’une procédure pénale le vise.
Quelle classe, tout de même, chez cette sén… Et je me réveille en sursaut, devant mon écran. Ben quoi alors ? Ce n’était qu’un rêve ? Ils n’ont pas vraiment mis les pendules à l’heure, les sénateurs ?
Je reviens quelques minutes en arrière. Je retrouve la vraie question de la sénatrice. Elle porte sur une proposition du groupe socialiste au Sénat, de rétablir la redevance sous la forme d’une « contribution modernisée, progressive et affectée »… Hors sol. Lunaire.
C’est ça les sénateurs socialistes. Des phrases ronflantes. Mais ni Hollande, ni Faure, ni Glucksmann n’imaginent une seconde réinstaller l’impôt le plus détesté des Français !
Le saviez-vous? La psychanalyse enseigne que, même si on n’en est ni responsable ni coupable, on a les proches qu’on mérite. Nous avons les pleutres parlementaires que nous méritons. Et eux, les parlementaires, ils ont les ministres super-honnêtes qu’ils méritent.
Et au bout du compte, la France se retrouve avec de plus en plus de ministres inquiétés par sa justice pénale.
Est-ce un hasard ?
On en reparlera…
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Crédits
Photo titre :
Photo Laurent Vu
Graphisme Alice Cueye
Texte :
Oncle Vince pour le texte principal.
Les fans auront apprécié le clin d’œil aux éternels Inconnus.
Miss Ernotte au Sénat
Ce mardi 7 octobre 2025, la présidente de France Télévisions est passé prendre la température au Sénat. La Commission de la culture l’avait convoquée pour s’expliquer sur les finances de l’entreprise, au lendemain de la publication d’un rapport de la Cour des comptes qualifié d’« alarmant ».
Que lui reproche la Commission ?
14 octobre 2025
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France Télévisions a un déficit prévisionnel énorme. C’est mal.
Qu’en dit Madame Ernotte ?
L’État a baissé ma dotation après que j’ai fini mon budget prévisionnel. C’est sa faute.
Ça se résume à ça. Un enfumage général. La Cour des comptes a « inventé » un péril comptable ( cf notre chronique Les contes de la Cour du 25 septembre ), les sénateurs le reprennent sans le moindre recul, et la « coupable » se défausse.
Mais plus que par la puérilité de sa réponse, on est frappé par son regard. Il exprime… la peur. Au fil de l’audition, l’impression se précise. Ce n’est ni le trac, ni la peur du noir, ni le complexe de l’imposteur… on dirait, très animale, la peur de l’autre. Elle se mobilise contre le danger. Étrange, car en face d’elle, les sénateur(trice)s sont tout contents, tout courtois. Ils passent visiblement un bon moment d’entre-soi ( cf photo-titre ).
La décontraction de ces sénateurs interroge. Ignorent-ils que France Télévisions fonctionne comme une grosse lessiveuse, alimentant, par nos impôts, autre chose que de la télévision ?
On peut diviser ce pactole - un budget de 3 milliards d'€ - en 2 parts :
D’abord, pour 1 milliard, l’argent sert à rémunérer des gens qui vont occuper, en partie, des emplois véritables. En partie seulement. Car pour une autre partie, on s’interroge. Par exemple, le job de « directeur en charge des rapports avec la tutelle ». Il n’est pas pourvu par un journaliste expérimenté, en fin de carrière, qui ne craindrait pas de tenir la posture d’indépendance face au ministre, et qui ne coûterait rien puisque le salaire est déjà budgété. Ce poste a été créé pour accueillir des « amis », tels qu’un ancien dirigeant du Mouvement des jeunes pour Macron. J’adorerais consulter l’agenda professionnel de ce garçon.
Quant aux 2 autres milliards, ils servent surtout à financer, au-delà des charges fixes, la production privée, le cinéma, la « création », à loisir, à satiété. Qui contrôle quoi en la matière ? Une gabegie de millions, de dizaines de millions, jusqu’à 100 millions d’€ par an pour un seul producteur privé. Voici trente ans, le PDG Elkabbach avait dû démissionner à cause du scandale des 100 patates, la rétribution d’animateurs à plus de 1 million de Francs par an. Sous Ernotte, et malgré le contrôle d’État, ça explose.
Est-ce qu’on assite à un délit en col blanc, de détournement de fonds, d’abus de confiance, ou autre … ? Je n’en sais rien. J’observe un fait de société. Et pour le psy, un fait de société remarquable, c’est pain béni pour ce qu’il révèle des protagonistes.
Les sénateurs, d’abord :
Peuvent-ils ignorer de quoi il en retourne ?
Ils voient, et ils ferment les yeux, accrochés à leur propre sinécure.
La Commission de la culture du Sénat, c’est une cour de République bananière.
Delphine, ensuite :
Comment comprendre sa trouille, presque palpable ? Son stress semble augmenter au cours de l’audition, jusqu’à nous offrir ce lapsus linguae de si belle facture : Je tiens à redire que nous ne faisons pas le travail ( 91ème minute ). Splendide, non ?
Pourtant, rien ne va lui a arriver ce jour-là ! Pas de condamnation, pas de destitution, pas de sanction. Et elle n’a pas à craindre d’être prise pour une blanchisseuse. Alors de quoi ?
On peut imaginer qu’elle craint de perdre la plus belle des sinécures de la télévision publique, peut-être la plus belle qu’elle aura jamais. On peut imaginer que l’expérience France Télécom, où elle réchappa naguère, par un miracle inexpliqué, à la condamnation pénale des dirigeants, a laissé des traces. Pures hypothèses, et au mieux, explications de surface. La vérité est bien plus profonde, et complexe.
Pour l’instant, on réserve, comme il est écrit dans les livres de cuisine.
Le portrait psychique de dame Ernotte, esquissé dans les précédentes chroniques ( cf Dénonciation Brutale du 31 août, et Le diable s’habille en Prauda, du 22 septembre ), commence à se préciser.
A suivre…
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Crédits
Photo titre : Alice Cueye
Laurent Lafon, sénateur centriste, le président de la Commission
Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions
Colombe Brossel, sénatrice socialiste
Texte :
Oncle Vince pour le texte principal.
Titre-hommage à Mr Smith au Sénat ( Franck Capra, 1939 ).
Sybile se lâche
Ce mercredi 8 octobre 2025, la présidente de Radio France a été auditionnée par la Commission de la culture du Sénat. Les élus de la Nation avaient hâte de l’entendre… sur l’affaire Legrand-Cohen.
Une affaire d’État, apparemment.
15 octobre 2025
Retrouvez l'intégralité de la capsule ici :
En elle-même, l’affaire ( relatée dans notre chronique Oups du 9 septembre ), peut se résumer à « J’ai pris un café avec des types du PS », comme dit Thomas Legrand. Il a raison.
En elle-même, l’affaire est une tempête dans un verre d’eau. Tout le monde sait que France Inter est une radio d’opinion, je dirais < gauche responsable avec petites tendances woke et radicale >. Critiquable s’agissant d’un service public ? Peut-être, mais les causes sont historiques, et ça dépasse de loin le cas de deux journalistes. Legrand et Cohen n’ont pas à être transformés en boucs émissaires, voués à expier la partialité de France Inter.
Or la patronne, loin de protéger ses journalistes, leur a mis la pression :
Elle a viré Legrand et, ce faisant, elle les avertit tous.
Et à Cohen qu’elle ne veut pas virer parce qu’il est une vedette, elle balance une soufflante, qu’elle répètera en audition en scandant les mots :
L’obligation d’impartialité s’impose à tous sur le service public et ne doit souffrir d’aucune exception.
Du pur terrorisme, basé sur un présupposé inexact : l’impartialité ne s’impose pas à « tous », elle s’impose à l’entreprise de presse, nullement à son journaliste. Le journaliste, lui, a droit à être protégé de ce que veut lui imposer le propriétaire.
De là à imaginer qu’un quelconque des sénateurs présents va la corriger…
À quoi jouent-ils ? En voyant leur mine réjouie, on comprend : ils sont dans le plaisir. Le président Lafon « lance » le sujet, ferme son micro, se recule sur son siège sans chercher à dissimuler son autosatisfaction, et laisse Madame Veil raconter sa vie.
Celle-ci, en confiance, se lance dans un véritable one (wo)man show, de bourdes et lapsus plus ou moins conscients :
Thomas Legrand devait participer à un débat contradictoire le dimanche matin, dont le premier invité fut Alain Madelin… Alain Minc, Alain Minc ! ( rires )
Dans le système de valeurs de cette dame, Alain Madelin, c’est « extrême droite », tandis que Alain Minc, c’est « normal ». Autrement dit, par son lapsus, elle fantasme le pluralisme à Radio France. Il serait intéressant de savoir combien de fois Madelin a été invité depuis sa nomination, et comparer avec Minc.
Ravie d’avoir fait rigoler les sénateurs, elle va les multiplier. Au téléspectateur de les repérer, il y en a au moins 1 par tranche de 5 minutes. De ce festival, je ne résiste pas au plaisir d’extraire : Vous connaissez l’analyse de Jérôme Fauxquet ( Jérôme Fourquet, le célèbre analyste de l’IFOP, qui décrypte l’archipel social français ).
Soudain, dans la dernière partie de l’audition, les lapsus s’interrompent. De légère, Madame Veil devient dure pour exécuter son journaliste :
Thomas Legrand intervient sur France Inter, depuis la rentrée, avec la casquette de journaliste de Libération. S’il avait été journaliste de la rédaction chez nous, il aurait été déclaré en faute sur beaucoup de points de déontologie, du conflit d’intérêt au devoir de réserve, en passant par le soupçon de connivence, et par la loyauté envers l’entreprise.
Personne n’objecte, dans les rangs du Sénat. Même pas sur les bancs de gauche, bien que les sénateurs de gauche soient majoritaires dans cette audience.
Là, j’arrête le visionnage. Ce n’est plus drôle.
À quoi a-t-on assisté dans cette audition ?
À ce qu’un patron, désinhibé, se croit autorisé à imposer à ses employés.
La patronne de Radio France ne se sent limitée par aucune loi. Ni celle du père ( la tutelle ), ni celle de la société ( la sphère médiatique, la sphère politique, la sphère syndicale ). Ses pulsions violentes ne rencontrent aucune limite.
Ainsi, elle se vante d’« imposer une déontologie stricte des journalistes ».
Ne cherchez pas le lapsus. Il n’y a dans cette phrase qu’un banal retournement orwellien :
Ce dont elle se vante, en réalité, c’est d’« imposer un contrôle strict des journalistes ».
La déontologie, dans la bouche de ceux qui détiennent un pouvoir quelconque sur les journalistes, ce n’est que le mot-alibi pour faire accepter le contrôle.
J’imagine que je viens de m’obliger à une chronique sur le concept de déontologie.
Bonne semaine en attendant !
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Photo titre :
COLUMBIA
Texte :
Oncle Vince pour le texte principal.
Les fans auront reconnus James Stewart dans Mr Smith au Sénat, traduction assez bien inspirée de Mr Smith goes to Washington ( Franck Capra, 1939 ).
À ceux qui croient que James Stewart n’est pas l’Élégance personnifiée, je dis d’accord sur ce film, il faut attendre encore. C’est dans sa période hitchcockienne que sa classe naturelle explose. Il parvient au sommet entre 1956 ( The Man Who Knew Too Much ) et 1958 ( Vertigo ). Qui pourrait le challenger ? Errol Flynn et Gary Cooper avant lui ? Cary Grant et Gregory Peck après ? Et pourquoi pas Steve Mc Queen et Paul Newman, tant qu’on y est ?
Delphine trépigne et piétine
Un « accord de méthode » a été proposé aux syndicats de France Télévisions pour accélérer la renégociation de l’Accord d’entreprise. La patronne est pressée : elle veut réduire la masse salariale en rabotant les avantages sociaux. Inversement, les représentants syndicaux ont intérêt à freiner des quatre fers.
Vont-ils refuser de signer ? Pas si sûr. Car rien n’est simple à l’intérieur de notre cerveau.
1er octobre 2025
Retrouvez l'intégralité de la capsule ici :
Imaginez-vous en hélicoptère, survolant une autoroute au trafic fluide. Soudain un camion-citerne part en glissade. Il se met en travers et s’immobilise. Vous voyez une voiture blanche s’encastrer entre les essieux de la remorque renversée. Une autre, percuter la cabine. Une troisième, qui va emboutir la première. Les deux voies de circulation s’embouteillent à vue d’œil : dix, vingt, trente véhicules. Mais curieusement, aucun ne s’est arrêté sur la troisième voie, la « bande d’arrêt d’urgence », ni ne l’a empruntée.
Ce phénomène est banal, et connu des spécialistes de la circulation routière. Au volant, en situation d’urgence, nous nous concentrons sur le freinage, plutôt que d’essayer de contourner l’obstacle. Pourquoi ? parce qu’au pire, nous allons taper, nous « voyons » la fin. Tandis que partir à droite, en réaccélérant pour mieux contrôler la trajectoire… c’est plus osé. Ça nous emmène où ? Vers l’inconnu. Et la peur de l’inconnu fait appel à la peur du noir.
Autre séquence, autre scène :
Imaginez Madame Ernotte recouvrant l’ouïe. Elle entend que 68 millions de Français sont choqués d’apprendre qu’avec leurs impôts, elle verse en moyenne 70 000 euros ( brut annuel ) au personnel de France Télévisions. Elle débarque chez les organisations syndicales avec « le plan Ernotte 75 », un plan d’économies qui tient en une ligne :
La rémunération annuelle maximale ( hors ancienneté ) est fixé à 75 000 euros brut.
Ceux qui gagnent au-dessus ont le choix : accepter la réduction, ou partir, avec indemnités.
Champ contre-champ, gros plan sur elle, quand elle enfonce le clou : La mesure s’appliquera d’abord à moi-même. Je veux donner l’exemple.
Et là, tout change. On comprend que c’est sérieux. Un feu d’artifice d’actions judiciaires se déclenche contre le projet. Saisine du Conseil constitutionnel, des tribunaux civils, de la Cour européenne des droits de l’homme… Tout est bloqué, pour un bon bout de temps. En attendant, les salariés concernés peuvent dormir tranquilles, leur grosse paye est maintenue.
Sauf que :
Commence un curieux défilé à la direction RH. En catimini, des gens évoquent leur intention de partir. Ils demandent une « simulation de l’enveloppe ». Certains avouent somatiser. Ils n’en peuvent plus, de cette période d’incertitude, et en fin de compte, d’inquiétude.
Difficile à imaginer ? Les gens sont fous ? Non. C’est humain, et très partagé. Informés d’une aggravation prochaine de leur situation, les salariés n’ont de cesse que de la voir survenir. L’incertitude sur la date du crash devient insupportable. Quand les militants syndicaux jouent la montre contre un plan social, ce sont les salariés qui viennent leur mettre la pression « pour être fixés ». Même toucher sa paye en restant à la maison devient in-sup-por-ta-ble.
Ces deux exemples, le carambolage et le plan Ernotte 75, nous permettent de comprendre pourquoi il ne serait guère impossible de voir les représentants de personnel craquer.
Certes, en soi, un accord de méthode, c’est chose banale :
Définition > Accord de méthode
L’accord de méthode est un contrat entre le Chef d’entreprise, d’une part, et les syndicats ouvriers, d’autre part. Il a pour objet de convenir des formes et délais des consultations et négociations sociales prévues par la loi. Il est un excellent moyen de sécuriser juridiquement ( du point de vue patronal évidemment ) les procédures et maîtriser les délais.
Le texte est clair : on peut parfaitement imaginer que Madame Ernotte veuille passer d’une négociation prévue en 24 mois… à 24 semaines, ou même 24 jours. Il suffit qu’elle fasse signer quelques-uns des principaux délégués syndicaux.
Ce sont ceux qui refusent qui ont raison. Il faut d’abord installer le rapport de force. Tout bloquer. Quand on a gagné ce qu’on pouvait gagner, alors, et alors seulement, on laisser filer l’agenda qui arrange le patron.
Mais ça, c’est un schéma idéal.
Sur le terrain - le terrain psychologique - , nos amis se débattent avec leur propre humanité, leur peur du vide, leur vertige, leur terreur du noir, et avec le poinçon de l’incertitude. Certains, et peut-être tous, risquent de craquer et signer l’accord de méthode avant de négocier.
Ils ne sont ni des traîtres, ni des lâches, ni de grands naïfs. Ils sont des gens normaux, évoluant en terre inconnue, et donc soumis à une pression latente.
La solution ?
Elle est en chaque journaliste, chaque PTA de France Télévisions. Il faut et il suffit d’envoyer un tout petit mail à son représentant syndical. Il se sentira soutenu, et pourra opposer un paquet de mails à son DRH.
Un modèle, vite fait ? Il suffirait d’une ligne, par exemple :
Pierrot, bonjour, je suis d’avis de ne pas signer l’accord de méthode. Tiens bon !
Et c’est tout. Une centaine de ces mini-mails, et c’est réglé.
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Photo titre :
Alice Cueye, notre graphiste, a utilisé un détail d’une œuvre de J-M Felzenszwalbe, peintre abstrait contemporain, magicien ( ou sorcier ) des formes et des couleurs.
Texte :
Oncle Vince pour le texte principal.
Respect pour Monsieur Louis Chedid, dont les quelques mots d’une de ses grandes œuvres auront été repérés par ses fans le plus avertis. Un indice ? Ainsi soit-il.
Et pourquoi pas antisocial ?
Nous avons constaté que dans la galaxie France Télévisions sévit un drôle de métalangage.
On y travestit à loisir les mots, comme indépendance, qui n’est plus celle des rédactions mais celle de Madame Ernotte vis-à-vis des producteurs, ou comme neutralité, qui n’est plus celle de la télévision publique, qui y est astreinte comme tout service public, mais une neutralité imaginaire, celle que, dans les fantasmes des dirigeants de la télévision publique, chaque journaliste devrait observer au mépris de sa nécessaire liberté d’expression.
30 septembre 2025
Retrouvez l'intégralité de la capsule ici :
La direction de France Télévisions utilise les mots comme une arme de domination mentale.
Pour s’en défendre, les gens ont à reprendre le contrôle de leur langage.
Là, la psychanalyse a son utilité. Les mots sont sa matière première. Elle a de longue date intégré la linguistique, la sémantique, la sémiotique, à sa boîte à outils. Nous essaierons sur ce blog de rendre aux mots dénaturés, pollués, tordus, empuantis, leur sens réel.
Venons-en au sujet du jour : l’expression « accord social ».
Que signifie-t-elle, dans la bouche de sa promotrice, Madame Ernotte ? Pourquoi substitue-t-elle « accord social » à « accord d’entreprise » ?
Quel est l’enjeu ?
Pour le comprendre, il faut reprendre la définition d’accord d’entreprise :
Définition de > Accord d’entreprise
Un accord d’entreprise est un contrat, avec deux parties, le chef d’entreprise d’un côté, les syndicats ouvriers de l’autre.
Son objet est d’améliorer les conditions d’emploi du personnel par rapport aux conventions collectives nationales et par rapport à la règlementation, et accessoirement, de préciser l’organisation du travail.
Une fois signé, l’accord d’entreprise engage le patron vis à vis de tous ses salariés.
Il peut être dénoncé par l’une ou l’autre des parties. Il peut disparaître complètement si les parties ne se mettent pas d’accord sur un nouvel accord d’entreprise.
L’accord d’entreprise fait partie des modalités « civilisées » de la revendication sociale, à côté de l’agit-prop syndicale, de la grève, des consultations du CSE, des motions de défiance… Avec un accord d’entreprise, le patron accepte d’octroyer du mieux, pour répondre à la pression de son personnel, ou pour se donner la satisfaction narcissique d’être reconnu comme un bon patron.
Définition de > Accord social
Il n’y en a pas. « Accord social » n’est pas un concept juridique.
Si on la considère du point de vue strictement lexical, cette formule gratuite est simplement stupide : c’est comme si on proposait un « bon accord », ou un « accord désirable ». Merci bien !
Sous de nombreuses libellés approchants, la formule est utilisée pour vanter un accord… précisément antisocial.
Par exemple, dans la galaxie CANAL+, au début de ce millénaire, Monsieur Messier avait lancé un programme de dégraissage récurrent propre à contourner la loi sur les PSE (plans de sauvegarde de l’emploi). Il fut baptisé Accord d’accompagnement social. Normal, CANAL faisait tout mieux que les autres.
A France Télévisions en 2025, la patronne veut installer, par sa trouvaille, un environnement ouateux, trompeur. On va vendre du deal gagnant-gagnant, je te donne, tu me donnes. Rien à voir avec la logique d'un accord d’entreprise !
En avant-première, on vous offre le sketch, vite fait :
Ils débarquent dans la grande salle du CSE. Une escouade de DRH et d’experts.
Ils attaquent :
Eh les gar(ce)s !
On va négocier.
Avec l’ancien accord, vous aviez 100.
Avec le Code du travail, vous auriez 20.
On vous propose 60.
Fair-play ! Nous, ça nous fait gagner 40, et vous aussi, vous gagnez 40.
Un deal gagnant-gagnant !
Faut-il commenter ?
Tu entends ça, et tu perds ton sang-froid.
Un accord social, c’est un accord d’entreprise antisocial.
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Photo titre :
Alice Cueye, notre graphiste, a utilisé un détail d’un tableau de Jean-Marc Felzenszwalbe, peintre contemporain dont la peinture aux couleurs assassines vous démantibule le cerveau. Il expose rarement, il faut aller le voir à Paris du 22 au 29 novembre chez Xenithia Nomade.
Texte :
Oncle Vince pour le texte principal.
Salut à TRUST, le groupe qui n’a pas attendu la bien-pensance pour mettre en place un line up de toutes les couleurs, religions, orientations sexuelles et opinions.
C'est le président Sarkozy ? Et alors ?
Par jugement du 25 septembre dernier, la 32ème chambre du Tribunal correctionnel de Paris, présidée par Madame Nathalie Gavarino, a jugé l’ancien Président de la République coupable d’association de malfaiteurs, et l’a condamné à 5 années de prison ferme.
Dans un voyage en Absurdie, que je fais lorsque je m’ennuie, j’ai imaginé sans complexe, interviewer cette femme en duplex...
29 septembre 2025
Retrouvez l'intégralité de la capsule ici :
Vince
Madame la Présidente, vous avez manifesté contre le Président Sarkozy en 2011. Puis vous avez été appelée à le juger. On peut se demander : n’aurait-il pas été préférable de vous déporter volontairement, pour ne pas prêter à polémique ?
La juge
Votre question me permet d’abord de corriger : contrairement à ce que vous semblez croire, je ne suis pas au Syndicat de la Magistrature, classé très à gauche, mais dans un autre syndicat. Et mes opinions politiques ne regardent que moi.
Ensuite, sur le fond : si je me déporte pour un ex-président de la République, pourquoi ne pas le faire pour les simples citoyens qui ont les mêmes opinions que lui ? Que devient l’égalité devant la justice ? Monsieur Sarkozy devait être jugé exactement comme les autres.
Vince
Vous me faites penser à Joseph Tual, grand reporter de France 3. Il exprime ainsi la neutralité de ceux qui travaillent au service du public : un directeur de la sécu ne sert pas les assurés en fonction de ses opinions politiques.
La juge
Exactement. Ce journaliste et moi sommes du même bord, celui de la République.
Vince
Entrons sans plus attendre dans le procès. Coup de théâtre pendant les débats : vous écartez la preuve la plus forte, ce document signé, par lequel la Lybie se serait engagée à financer Monsieur Sarkozy à concurrence de 50 millions d’euros.
Mais de ce fait, les accusations de financement illégal tombent.
D’où l’idée que, pour vous, l’association de malfaiteurs a fonctionné comme une voiture-balai, vous voyez ce qu’on sous-entend par-là.
La juge
Regardons y de plus près. Vous en avez vu combien, de ces films où la police attend que les voyous sortent de la banque pour les arrêter ? Et combien de films où, parce que les voyous, pour une raison ou pour une autre, n’entrent pas dans la banque, la police laisse filer ?
Vince
Beaucoup, c’est vrai.
La juge
Cette infraction, association de malfaiteurs, permet de condamner les délinquants même s’ils n’ont pas encore agi.
Vince
Mais c’est condamner sur une intention, c’est terriblement dangereux, non ?
La juge
Pas sur une intention, sur des actes. Si trois salafistes fichés S achètent des produits pour fabriquer une bombe artisanale, qu’ils se mettent à passer leurs journées en repérages dans le RER, qu’ils communiquent par des téléphones prépayés, ce sont des actes préparatoires ; devrait-on attendre l’attentat pour les arrêter ? Et si on les arrête avant, c’est sur quelle infraction ?
Vince
Mais dans le cas de Sarkozy, on n’a pas tout ça. L’instruction n’a pas prouvé que…
La juge
Qu’a mis en évidence l’instruction ?
D’abord, la consanguinité entre les amis de Kadhafi et les amis de Sarkozy. Assumée. Jusqu’à partager les mêmes villas, les mêmes piscines, etc... Que font-ils ensemble ? Que veut chaque groupe de l’autre groupe ?
Les Français veulent se financer, et accessoirement trouver des marchés.
L’État terroriste lybien, lui, veut acquérir une respectabilité internationale pour servir les lubies panafricaines de Kadhafi, et des armes, et une centrale nucléaire.
Cet échange, c’est le mobile de leur association.
Quant aux preuves matérielles, il n’y avait qu’à se servir dans le dossier :
Des dizaines de personnages impliqués, politiques français, cour de Kadhafi, et quelques terroristes d’État. Des centaines d’interrogatoires et de dépositions, où l’on entend bien des mensonges mais aussi des aveux. Des milliers de pièces, carnets de notes, fichiers informatiques. Quelques valises de billets de banque. Enfin une épidémie d’accidents parmi les personnages-clé : arrêt cardiaque en salle de réa, suicide, noyade dans le Danube…
Les preuves pullulent, l’association est prouvée, et le chef est identifié. Il s’appelle Sarkozy. Les autres le servent sans faillir.
Vince
Oui, j’ai lu que, quand ça devient chaud pour lui à l’instruction, il « jette sous le bus » son bras droit et son bras gauche. Il sacrifie Guéant et Hortefeux.
La juge
Et eux vont accepter de se sacrifier pour lui. Notez que nous en avons tenu compte, par humanité : Guéant écope de 6 ans mais en fera 0 compte tenu de son âge, et Hortefeux va purger une peine de 2 ans à l’air libre, aménagée par bracelet.
Bref, l’association de malfaiteurs est la bonne qualification, et son chef en est archi-coupable. Mais encore… les faits sont d’une gravité unique dans notre Histoire ! Je veux l’expliquer :
On soupçonne que, dans la Vème République, tous les partis transgressent les lois pour se financer. Et quand un parti politique se finance, qu’offre-t-il en échange ? Des passe-droits, des marchés publics, un permis de construire, un emploi.
C’est mal, ça ressemble un peu à une république bananière.
Mais dans le cas de Kadhafi, on est loin de la commande de trois ronds-points sur une commune de 490 âmes. Sarkozy, en négociant avec celui qu’il appelle « le Guide », négocie contre nos intérêts. Par exemple, l’équipe Sarkozy aurait participé à la protection de Senoussi, le bras droit de Kadhafi, responsable de l’attentat à la bombe qui a tué 170 personnes à bord d’un avion de ligne français en 1989.
S’entendre avec Kadhafi, n’était-ce pas une forme d’intelligence avec l’ennemi ?
Or c’est un ennemi, puisque nous allons lui faire la guerre, jusqu’à ce que mort s’ensuive.
Vince
Justement… Comment expliquez-vous que la fiesta se transforme en guerre ?
La juge
J’ai mon idée, et je la garde pour moi. Vous savez, un juge, ça s’occupe des mobiles des hommes, par de leurs ressorts.
Vince
Je vois : les mobiles sont conscients, les ressorts sont inconscients. Vous êtes en train de me souffler que la guerre contre Ka…
La juge
Je ne souffle rien. Dans cette affaire, guerre ou pas, il y a trahison des intérêts du pays. Sarkozy a beau arracher un arbre et nous l’envoyer à la tête pour que nous ne voyons pas la forêt, nous voyons sa trahison.
La gravité de l’infraction s’avère sans commune mesure avec ce qui avait été réprimé auparavant dans notre histoire judiciaire. A délit exceptionnel, peine exceptionnelle.
Vince
Bigre. On comprend mieux.
Dernière question, Madame la Présidente. Pardonnez-moi, elle est un peu personnelle, mais je dois la poser. On a entendu que, pendant ces quatorze semaines d’audiences, Sarkozy vous aurait beaucoup énervée.
La juge
Énervée n’est pas le mot.
C’est comme l’idée d’une vengeance des magistrats, appelés « petits pois ».
Faut arrêter avec ces suppositions, les nerfs, la vengeance, les vapeurs. Nous, nous serions de pauvres magistrates instables émotionnellement ? Les bras m’en tombent.
La vérité, c’est que nous avons un prévenu dans le déni, même quand il est pris, même avec des preuves qui l’accablent... Or vous savez, toute l’année, nous voyons défiler des « racailles », qui nous défient, qui s’estiment non concernées par la loi. Alors quand c’est Sarkozy, le défenseur de l’ordre public, qui s’est fait élire sur ce thème, qui nous nie, qui nous méprise, nous l’autorité judicaire, c’est juste… inacceptable.
De manière réfléchie, et non pas revancharde, nous avons agi de sorte qu’il aille physiquement en prison.
La prison ferme, avec mandat de dépôt, se justifie par l’exemplarité.
Vince
Ça signifie que, s’il avait adopté une autre attitude, il n’aurait pas pris une peine ferme ?
La juge
Sans commentaire.
Vince
Je me garderai d’insister. Merci mille fois, Madame la Présidente.
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Crédits
Photo titre :
L’HUMANITE / Florian Poitou / ABACAPRESS
Alice Cueye pour le graphisme.
Texte :
Oncle Vince pour le texte principal.
J’ai un peu honte de le citer, mais puisqu’il faut traiter également tout le monde, alors je rends ici hommage, comme je le fais pour tous les artistes auxquels j’emprunte une référence… à Michel Sardou. On reconnaitra une strophe de Être une femme.
Les contes de la cour
Le 23 septembre 2025, la Cour des comptes a publié, dix ans après le précédent, un « rapport » sur les comptes de France Télévisions. Tiens donc ! Les sages de la rue Cambon se remettent à travailler sur l’audiovisuel public ? Qui les a saisis ?
Et pourquoi nous livrer, en guise d’analyse comptable, une histoire à dormir debout ?
25 septembre 2025
Retrouvez l'intégralité de la capsule ici :
C’est en tout cas un texte captivant. Sur 160 pages, on nous raconte, sans recul ni malice, parfois avec une involontaire truculence, comment on parvient à dépenser chaque année un pactole de 3 milliards d’euros. Et ensuite, dans un accès de monstrueux culot, pourquoi il faudrait encore investir (!), et encore restructurer, pour que ça marche encore mieux à l’ère du numérique.
On sort de cette lecture avec un doute horrible : et si ce rapport était, entièrement, de la conception aux chiffres, fake ? Un conte, destiné à justifier le projet élyséen pour la télévision publique.
Nous allons, dans les prochaines semaines, prendre le temps de détailler les différents aspects du rapport. Commençons par le point nodal : le déficit, décrit comme mortel par « les sages de la rue Cambon ».
Pour la psychanalyse freudienne, ce que l’on éprouve face à un déficit financier ne résulte jamais du déficit en lui-même. D’abord parce qu’il s’inscrit dans le rapport, très personnel, de chacun à l’argent. Ensuite parce que le concept même de déficit suggère des enjeux psychiques - excitation, frustration, jouissance. Ainsi, un même déficit peut occasionner à deux sujets des émotions différentes, voire inverses. Et donc, quand le rapport dénonce un risque mortel, et à compter que ce soit de bonne foi, la proposition ne décrit pas une situation objective, mais l’émotion de l’analyste de bonne foi.
Allons y regarder de plus près. Il suffit d’imaginer :
Vous gagnez 2 500 euros net par mois, après prélèvement des impôts. Vous essayez de bien gérer votre budget parce que, si ce n’est pas la misère, vous n’avez pas non plus de quoi mettre de côté. Donc, sans trop stresser, vous faites attention.
Un SMS de la banque. Madame Hébrard veut vous parler. Sympathique, mais rigoureuse, votre chargée de compte. Elle veut vous alerter pour éviter un courrier désagréable.
Le problème ?
Depuis le début de l’année, vous dépensez, chaque mois, relevé bancaire faisant foi… 2 503 euros.
« 2 503 ? Répétez-vous, incrédule. La chargée de compte confirme. Elle ajoute :
- Ce n’est pas encore très grave, juste inquiétant.
- Mais en quoi ?
- C’est que, depuis 7 ans, vous étiez à 2501.
- Ah bon ? Et… et alors, qu’est-ce que je dois faire ?
- A vous de voir. Vous êtes en surendettement. En cumulé, ça…
- J’ai fait une terminal S, madame Hébrard, je peux calculer. 1 euro sur 7 ans ça fait 80 euros, pour un revenu annuel net de 30 000 euros. Je vous dois 80 euros.
- C’est cela, oui. »
Le rapport de la Cour des comptes, c’est exactement ça : 80 millions de déficit cumulé sur 7 ou 8 ans, sur un budget annuel de l’ordre de 3 milliards.
Impossible d’imaginer que Monsieur Pierre Moscovici, premier président, à l’humour pour le moins discret et à la rigueur indiscutée en matière de chiffres, ait pu signer ce rapport qui déclare France Télévisions en état de mort clinique.
Dans son langage d’analyste comptable, le déficit de France Télévisions, c’est « l’épaisseur du trait ». Autrement dit, il est d’un montant négligeable par rapport à l’importance du budget.
En conclure à la déconfiture du groupe, en appeler à une intervention de l’État, voire à une dissolution, interroge sur le sérieux de la Cour des comptes.
Si les chiffres sont vrais, alors l’entreprise n’a pas de problème de déficit. Et si, par souci d’orthodoxie comptable, on tenait à strictement équilibrer, il serait en vérité très facile de réduire les dépenses à concurrence du déficit.
Donc, si les chiffres sont vrais, le discours alarmiste est nécessairement faux.
Je ne vous jette pas la pierre, Pierre, mais pourquoi cautionnez-vous ces salades ?
Vous êtes en train de quitter cette sinécure absolue qu’est la présidence de la Cour des comptes. Quelle est la prochaine ?
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Photo titre :
RTL / Dimitar Dilkoff / AFP
Texte :
Oncle Vince pour le texte principal.
Spéciale dédicace à la troupe du Splendid dont les fans auront reconnus, tapies dans le texte, deux répliques du Père Noël.
Le diable s'habille en Prauda
Pascal Praud, journaliste sportif émérite, le sait bien : quand le pilote démarre sa moto, chargée d’un JRI et de sa caméra, c’est quelques 400 kg qu’il va emmener sur les routes du Tour. La confiance du journaliste doit lui être acquise ; la sécurité du duo est entre ses mains, à travers les foules, la canicule, les grains. Quand la moto file en descente à plus de 100 km/h, et que la confiance est totale, le JRI se lève de la selle pour mieux saisir la performance des descendeurs, et il lutte contre le vent, à la force du dos et des abdominaux. Le motard adapte sa conduite, offre à la caméra les meilleurs angles, évite de chasser dans les épingles à cheveux, réaccélère en douceur - ne pas déséquilibrer l’attelage.
22 septembre 2025
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S’il existaient des humains extraterrestres, ils seraient des motards du Service des sports.
Quand le motard augmente sa prise de risque
Quand le même motard est requis pour emmener un journaliste couvrir une manif de gilets jaunes, ça se complique. La foule est hostile. Alors on va protéger la petite équipe. Une moto devant, une autre derrière, sécuriseront le reportage.
Notre motard accepte de prendre le risque. Demandez-lui pourquoi. Il l’ignore.
Quand le motard est délibérément mis en danger
Et puis quelqu’un là-haut, à l’étage de la direction RH, observe que 3 motos pour une sortie, ça fait quand même cher. En même temps, faut protéger le matériel, et l’équipe. Donc, on va couper la poire en deux : on mettra une moto, et pas deux, en couverture.
Première sortie : il apparaît que pour protéger le matériel et le JRI, la moto de couverture doit suivre, plutôt que précéder. Ainsi donc, le motard se retrouve directement face à face avec la foule. Mais ses deux mains sont au guidon. Ses reins sont pratiquement immobilisés par les 4 quintaux de la moto chargée. A l’arrêt, il ne peut esquisser le moindre geste. Son visage, sa poitrine sont offerts aux projectiles. La mise en danger de notre héros est à la fois monstrueuse et totalement assumée par la direction RH.
Un diagnostic sévère
Si Pascal Praud le sait, et si même votre serviteur le sait, alors à l’évidence, la grande patronne de France Télévisions le sait.
Un lecteur m’a écrit ( en commentaire de la chronique Brutale du 31 août ), que cette femme souffrirait d’alexithymie ( mécanisme de défense psychique consistant à faire taire les affects ). Il s’en suivrait un comportement de sociopathe ( indifférence vis-à-vis des émotions et des droits des autres ). Explication intéressante, car le motif d’économie ne tient pas quand la vie des équipes de tournage est mise en danger.
Quand ce sont les journalistes de C News qu’on met en danger
Venons-en à l’attaque contre C News, qualifiée de « média d’extrême droite ».
On consacrera certainement une chronique à ce concept vaporeux d’extrême-droite. Ce qui est cependant clair dans la dénonciation, c’est qu’elle fonctionne comme une injure. L’extrême droite, peu important sa définition, c’est le diable.
Elle met une cible sur nos vies, proteste Pascal Praud.
On peut ne pas l’aimer, Praud ( d’ailleurs qui le trouve aimable ? ), mais on ne peut ignorer son cri d’alarme. Si la patronne de France Télévisions se fiche du sort de ses propres motards de presse, comment imaginer qu’elle se préoccupe de celui des reporters de C News ?
Praud s’estime diabolisé quand sa chaîne l’est. Pas faux. Il en est l’une des figures. Il riposte en montrant des images de journalistes de C News agressés par des manifestants. Le danger est réel.
Le grain de sel du psy
Le conflit Ernotte / Praud a pour origine la diffusion d’une vidéo montrant des journalistes de l’audiovisuel public conspirer avec des socialistes ( voir chronique Oups du 9 septembre ). Il est clair que l’attaque contre C News veut opérer diversion. Mais quoi, pour un accroc dans la neutralité du service public, autrement dit pour une tempête dans un verre d’eau, on n’hésite pas à exciter la populace de gauche ? On comprend mal cette disproportion.
A moins que notre lecteur n’ait raison : bien malgré elle, car souffrant de sociopathie, cette femme reste étanche au sort des journalistes de C News… tout comme elle se révéla insensible à la mise en danger des siens.
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Photo titre :
Canal+ / C News
Texte :
Oncle Vince pour le texte principal.
Spéciale dédicace au nanar réalisé par David Frankel en 2006, d’une vacuité telle qu’aucun spectateur de l’époque ne semble se souvenir de la fin du film.
Les silences de Patrick
Ils sont quatre, dans un café parisien, à conspirer. Deux cadres nationaux du PS, dont l’Histoire ne retiendra pas les noms. Des corrupteurs ? Et deux vedettes de l’audiovisuel public, Thomas Legrand et Patrick Cohen. Des corrompus ? L’objectif est clair, dégager Rachida Dati de la course à la mairie de Paris, et à terme, favoriser le candidat de la gauche modérée à la prochaine présidentielle.
Legrand se fait prendre par la patrouille. Cohen en réchappe. Les deux commanditaires, eux, ne sont pas inquiétés.
19 septembre 2025
Retrouvez l'intégralité de la capsule ici :
Curieusement, aucun des quatre ne proteste contre le sort fait au seul Thomas.
Que révèle cette punition… acceptée ?
La réponse se trouve peut-être au cinéma :
Dans une scène culte, quatre casseurs d’élite se réunissent pour envisager un dernier job.
Neil ( Robert de Niro ) et Chris ( Val Kilmer ) étant les chevilles ouvrières, ce sont les deux autres qui sont appelés à se positionner.
Michael ( Tom Sizemore ) affirme très clairement son accord.
Celui de « Trejo » ( Danny Trejo ) est passif, comme s’il n’avait pas besoin de protester de son allégeance au groupe, comme si elle allait de soi.
Avançons dans le film.
La tension monte de minute en minute. On entrevoit que, cette fois, ça va mal se passer. Mais précisément, là, qui distinguerait entre la culpabilité de Michael et celle de Trejo ?
Vous pouvez anticiper avec plaisir la capture, ou la mort, des truands ou bien, prenant fait et cause pour eux, espérer qu’ils s’en sortent. Mais il ne vous viendrait pas à l’idée de dissocier leur responsabilité respective. Ils sont à mettre dans le même sac !
Retour à nos histoires de bobos journalistes :
Quand on suspend Legrand parce qu’il a dit son intention à haute voix, mais qu’on acquitte Cohen parce qu’il n’a pas dit son intention à haute voix… on se fiche de nous.
C’est de dire ce qu’on fait, qu’on est coupable ? Si je fais, mais sans le dire, pas de problème ?
Qui a le moindre doute que Cohen, tout autant que Legrand, a l’intention de taper Rachida, et dans le même objectif ? Comment peut-on accepter que seul Legrand soit inquiété ? Si l’un est jugé innocent, l’autre l’est aussi, point barre !
Point final ?
Pas tout à fait.
Admettons que seul Legrand soit juridiquement coupable. So what ? Et la solidarité confraternelle, alors ? Pourquoi Cohen ne se retire-il pas de son émission, comme on y a contraint Legrand ? Une génération plus tôt, cette forme de solidarité était la règle.
Et puis, au-delà de la confraternité entre journalistes, il y a la lutte. Pourquoi Cohen abandonne-t-il un camarade ? Les deux sont censés se battre pour le socialisme, non ? C’est quoi, la société que Cohen appelle de ses vœux ? Le chacun pour soi au boulot ?
Patrick Cohen, belle personne au micro, ne serait-il pas, en vrai, un petit monsieur ?
D’abord, je ne le crois pas. Ensuite, il n’y a pas de petites gens en psychanalyse. Il y a des histoires, qui expliquent des profils.
Si l’on part dans cette direction, doit-on imaginer une concertation off the record, entre nos deux casseurs et les directions de Radio France et France Télévisions ?
Si c’est le cas, c’est encore plus grave que le manque de solidarité. Car cela signifierait que la radio publique reconnait rouler pour la gauche, sur le compte des Français. Ce serait une trahison, du service public. Et de Radio France, dont l’existence est menacée.
Trahison.
En psychanalyse, les pistes ne sont pas des fragments d’ADN. Ce sont des mots.
Trahison.
Redémarrons le film là où nous avions mis sur pause.
Le casse foire. Les flics les attendaient. Qui a trahi ? Le taiseux.
Comme c’est bizarre !
Patrick, pourquoi trahis-tu ?
Ton deal avec la direction, qu’il soit express ou tacite, et que tu en mesures, ou pas, les réelles conséquences, c’est un couteau planté dans le dos de l’entreprise publique.
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Crédits
Photo titre :
Regency Enterprises
Texte :
Oncle Vince pour le texte principal.
Il y est bien sûr question de Heat ( 1995, Warner Bros ), le plus grand des films de braquage, et l’un des deux chefs d’œuvre de Michael Mann ( avec Révélations, nous y reviendrons ).
A ce sujet, appel au lecteur :
L’unique faiblesse du film est l’irréalisme du flic, incarné par Al Pacino. Celui-ci exagère tout, du langage aux émotions en passant par la gestuelle. Caricatural. Comment est-ce possible, alors que Dieu est encore pour quelques années au sommet de son art ?
Une piste est offerte par le documentaire Heat, l’histoire du film, que l’on trouvera sur La chaîne de Sacha ( YouTube ). On y apprend que le flic vit sous l’emprise de lignes blanches.
Là, on comprend le jeu extraverti. Du coup, on peste contre le réalisateur qui a supprimé les scènes où le héros sniffe. Il semble être allé jusqu’à en interdire toute diffusion à titre documentaire, jusque dans le double DVD qui nous offre une douzaine de deleted scenes. Qui a une idée du pourquoi de cette autocensure ?
Les dégénérés
Sous le titre LA MEUTE ( Flammarion 2025 ), Charlotte Belaïch et Olivier Pérou publient une enquête sévère pour La France Insoumise.
Ce mouvement fonctionnerait non comme un parti politique mais comme une secte, au service du guru Jean-Luc Mélenchon.
9 septembre 2025
Retrouvez l'intégralité de la capsule ici :
Les deux auteurs, trentenaires, sont des journalistes professionnels qui couvrent la gauche depuis plusieurs années, elle pour Libération, lui pour l’Express puis Le Monde.
Heureux hasard, ils affichent des valeurs et un discours qu’on trouve généralement à gauche.
Enfin ils travaillent pour les deux grands quotidiens de référence qui se revendiquent du camp de la gauche.
On peut en déduire qu’au moment de la publication de leur livre, Jean-Luc Mélenchon les connaît personnellement. De fait, il les connait très bien : ils font partie du premier cercle des journalistes avec lesquels il débriefe et partage des off à chaque séquence de sa vie publique.
C’est un premier élément de contexte : toute cette affaire de La Meute est une histoire de famille. Je parierais volontiers que malgré ce qui va lui tomber sur la tête, Olivier continuera à voter LFI.
Mais voilà que ce premier élément bascule, dès le surlendemain de la publication : les deux journalistes sont exclus des boucles qui relient le microcosme LFI aux médias. En clair : on les prive d’accès à leur espace de travail.
Un parti de gauche s’autorise à nuire à l’outil professionnel de deux journalistes salariés, du seul fait d’un différend sur une enquête. Sur ce coup, LFI coche toutes les cases : son atavisme tribal prévaut sur la démocratie, la tolérance, la liberté d’opinion, le respect du travailleur.
Évidemment, personne chez LFI n’assume la vengeance à l’encontre d’un « délit de plume ». On donne le change en hurlant à la diffamation publique.
C’est le deuxième élément contextuel : des hurlements.
Ne va-ton pas agir en riposte ? You talk the talk, but do you walk the walk ?
Bô non.
Ni le chef, ni la « femme du chef » ( dixit Sophia Chikirou elle-même ), ni la communauté LFI, tous bien arrangés par l’enquête, ne vont porter plainte en diffamation. Parce que, des 200 personnes interviewées, beaucoup l’ont fait à visage découvert, et certaines, ne serait-ce qu’une vingtaine, pourraient bien venir témoigner… à la barre ! Rien que l’imaginer, ça doit les rendre fous, les insoumis. La messe est dite, on n’ira pas au tribunal.
Le front judicaire interdit, Mélenchon réagit dans la presse.
Il va qualifier ces deux jeunes de … « gens dégénérés » ( sic ).
Le psychanalyste s'intéresse, ici, au choix de l'insulte qui, au-delà de la violence verbale, est signifiant.
Car c’est un choix volontaire, et conscient. Mélenchon y met grand sens ; lequel ?
On peut distinguer 3 éléments, qui concourent à la définition et au poids de ce mot dans la bouche de Mélenchon :
1. Tout d'abord le sens premier du mot dégénéré, que tout le monde perçoit, qui fait référence à la perte de qualité par rapport aux attributs d’une espèce donnée : donc ils sont débiles, ils sont déficients, ils sont redescendus au niveau du singe, mutés négativement. Donc peu importe ce qu'ils disent...
Ça, c'est la première dimension du choix de l’insulte.
2. La deuxième dimension est celle de la trahison : il faut être un débile profond pour discuter la ligne, discuter l'action, critiquer les dirigeants. Bref, un dégénéré. Dans son délire, Mélenchon professe que l'action du mouvement, et le mouvement lui-même, n'ont que faire de la démocratie. Exit la libre opinion. Aucune déviance de l'intérieur.
Or ces deux jeunes, qui se situent à l'intérieur, s’autorisent à critiquer. Ce sont donc des traîtres, qu’on va habiller des vêtements du traître. Et face à un traître, il est justifié de procéder par l'insulte.
3. La troisième dimension est liée à la différence d'âge. Si on n'a pas l'âge de Mélenchon, on ne peut pas saisir la fascination d’un vieux pour des jeunes. Olivier et Charlotte, à eux deux, ont à peine l’âge du Vieux ; cette circonstance aggrave leurs péchés.
Ils sont les archétypes du « jeune » militant de la gauche radicale, bien plus que Rima Hassan, ou Sébastien Delogu, ou la marmaille grouillante autour de LFI. Et ce sont justement ces modèles idéaux qui sont défaillants.
D’où l’émergence de la question générationnelle. Sans elle, Mélenchon aurait pu utiliser un autre mot, par exemple décérébré... mais il utilise dégénéré.
Ces trois éléments-là - dégénérescence de l’espèce, trahison politique et fascination générationnelle, conduisent Mélenchon à choisir, très précisément, l’insulte proférée.
Ça nous en dit beaucoup sur Mélenchon, il sera bon d’y consacrer une prochaine capsule...
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Crédits
Photo titre :
Photo originale : Jean-Philippe Baltel, je crois.
Retraitement : Alice Cueye, graphiste
Texte :
Oncle Vince pour le texte principal.
Respect pour Monsieur Stanley Kubrick, auquel nous empruntons une formule de Animal Mother ( Brute Épaisse en VF ) dans Full Metal Jacket.
Oups. Un journaliste, ça s'empêche ?
Thomas Legrand, éditorialiste vedette de France Inter, et Patrick Cohen, star de l’audiovisuel public, sont enregistrés à leur insu, dans une brasserie, en discussion avec deux cadres du PS. Legrand balance, à voix haute : pour Dati, avec Patrick, on fait ce qu’il faut. La discussion est rendue publique par L’Incorrect. Et le buzz vrombit. Legrand est suspendu par Radio France. Les deux journalistes portent plainte contre le magazine. L’ARCOM convoque les patronnes de la radio et de la télé publiques.
Quel scandale !
9 septembre 2025
Retrouvez l'intégralité de la capsule ici :
De quoi accuse-t-on nos deux héros ? Conflit d’intérêts ? Infraction à la déontologie ? Ils ne se sont pourtant pas cachés. C’est très étrange. Journaliste engagé, c’est interdit, en France ? N’ont-ils pas le droit d’adhérer au PS ? De dîner avec des politiques ? De bavasser sur Rachida ? Et même de militer contre elle ?
En fait, ce que nous comprenons, nous, les auditeurs, de l’extérieur, c’est qu’on charge ces deux journalistes de gauche du péché de partialité qui colle aux basques de l’audiovisuel public. Mais c’est le problème des directions de Radio France et de France Télévisions, proches de la gauche modérée et du pouvoir actuel, que d’assumer leur obligation de pluralisme. Il leur revient d’offrir aux autres sensibilités politiques, y compris « extrêmes », la même audience.
De la partialité de leur boîte, Legrand et Cohen sont innocents.
Pourtant, leur défense fonctionne mal.
Cohen annonce porter plainte, comme si le voleur du scooter pouvait échapper au juge au motif que le passant qui l’a filmé a attenté à sa vie privée. Quelle bêtise !
Et quelle maladresse démontre Legrand quand il explique : c’est plus compliqué que ça, faut nous faire confiance, faut pas décontextualiser. On le croirait pris les doigts dans le pot de confiture !
Pourquoi ne pas assumer ? Ose, ose, Joséphine ! Dis-nous « d’où tu parles ». Ta liberté journalistique doit se fonder sur la transparence : déclare ton vote, déclare tes adhésions politiques. Dès lors, on doit protéger ta liberté professionnelle, à tout prix !
Pourquoi ces maladresses ? Voici une piste :
Le grain de sel du psy
Toute la difficulté, politique et philosophique, du journalisme, réside dans la tension entre, d’une part, le combat pour des « valeurs », et d’autre part, l’effort de se limiter à fournir les informations permettant au citoyen d’arrêter ses propres choix.
Se démener pour des valeurs, c’est gratifiant.
En revanche, pour servir le citoyen, y compris le gilet jaune, l’humilité est requise !
En psychanalyse, on analyse, on ne juge pas. On questionne : le journaliste va-t-il « s’empêcher » ? Va-t-il renoncer à prendre le pouvoir sur les auditeurs ? Va-t-il les servir… et les servir tous ? Quelle balance va-t-il opérer entre principe de plaisir et principe de réalité ?
Or cette tension se résout, très simplement, chez le journaliste vedette : on va pouvoir s’ébattre dans le principe de plaisir, puisque ça marche.
Autrement dit, tant que Thomas et Patrick seront sains d’esprit… et même s’ils sont parfois gênés aux entournures quand on les surprend en flagrant délit, ils ne changeront rien ni à leurs engagements, ni à leur pratique journalistique. Comment leur en vouloir ?
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Crédits
Photo titre :
Legrand : JDD / SIPA / Tissot Clément
Cohen : Télérama / DENIS / REA
Texte :
Oncle Vince pour le texte principal.
Hommage à Alain Bashung, et à Joséphine Drai, son inspiratrice.
Dénonciation de l'Accord d'entreprise. Brutale ?
L’Accord d’entreprise de France Télévisions, qui fixait le statut et les conditions de travail des gens qui font la télévision publique, n’est plus. Dénoncé. Aboli. D’une même voix, les syndicats protestent contre la méthode particulièrement brutale de l'action patronale. Sur la liquidation du statut, ils ont raison. Sur l'annonce en elle-même, ils ont tort. C’est cette confusion, presque imperceptible, entre le fond et la forme, qui retient l’attention du psy.
31 aout 2025
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Reprenons :
Abolir l’Accord d’entreprise, oui, c’est du brutal
D’un trait de plume, la dénonciatrice anéantit un statut ancien, vivant et en évolution depuis au moins 70 ans. Vaporisées les primes et compléments de salaire. Pilées en petit bois les indemnités de licenciements et de retraite. Le pouvoir de détruire, et la jouissance de l’exercer. Cette patronne est le prédateur de son personnel. Un prédateur : brutal par nature.
Sur ce chapitre, les syndicaux ont cent fois raison.
Dénoncer d’abord, négocier ensuite, c’est encore du brutal
Au prétexte que la loi sociale l’y autorise, la dénonciatrice abolit avant de négocier. Elle casse tout, pour ensuite narguer les syndicats : je vous concéderai quelque chose après coup, et encore, si je veux.
Mais pourquoi ne pas négocier d’abord ? Surtout dans le contexte de la réunion de la télévision et de la radio publiques, en discussion au Parlement. Pourquoi ne pas s’inscrire raisonnablement dans la renégociation prochaine, avec toutes les entités concernées ?
Cela dit :
L’Annonce, en elle-même, de la dénonciation, n’a rien de brutal
La méthode, délivrer en plein été et sans crier gare la lettre de dénonciation, à un moment où tout le monde part en congé, est vécue comme brutale par les responsables syndicaux.
Mais quoi ? Ils auraient préféré un déjeuner au restaurant gastronomique Jules Verne, en haut de la Tour Eiffel - symbole historique de l’ORTF ? Avec annonce officielle de la dénonciation au dessert ?
On s’en fiche, de la méthode. Surtout que :
En avril 2025 ( avril ! ), l’ARCOM publie la profession de foi de Madame Ernotte Cunci, candidate à sa propre succession à la tête de France télévisions pour 5 nouvelles années. Dans ce texte, la page 12 est consacrée à la renégociation de l’Accord collectif. « Dès l’année 2025 », précise la présidente-candidate.
Et oui, quand en juillet, les DRH coursent les représentants syndicaux dans les étages pour leur remettre des dénonciations écrites, ces derniers savent… depuis au moins 3 mois ! A ce moment, l’annonce n’a plus rien de brutal. En même temps, il faut entendre la réaction des gars : on ne s’y attendait pas ! Aïe ! Aïe !
Ce paradoxe, « révélateur », nous intéresse au plus haut point.
Le grain de sel du psy
C’est sans doute étrange pour des pros de l’information, mais il faut accepter comme vraies deux propositions exclusives l’une de l’autre :
- On m’informe en juillet ( proposition A )
est tout aussi vrai que
- l’information était publique dès avril ( proposition B )
Comment est-ce possible ? Deux éléments de réponse, que nous apportent la psychanalyse et la neurobiologie.
La résistance
C’est un premier élément de réponse, théorisé par Freud, devenu classique. Voici un spécimen de résistance :
« Pierrot, Ernotte va nous fiche en l’air l’accord d’entreprise.
- Mo non ! Arrête tes conneries. Dans un an, avec France Médias, faudra tout renégocier.
- Mais si, Pierrot, je te le dis, c’est écrit dans sa candidature à l’ARCOM.
- L’ARCOM, l’ARCOM… Une fois élue, tu la vois s’emmerder avant la fusion ? »
La conscience refoule ce qui nous dérange. Nous recherchons le calme intérieur. Nous ajustons en permanence : d’un côté les événements du monde, de l’autre le fragile équilibre de notre psyché ( psyché : conscient + inconscient ). Nous « résistons » contre ce qui nous déséquilibre.
Nous sommes tous des Pierrot.
Cela dit, au-delà du concept de résistance - développé voici plus d’un siècle - , un nouvel éclairage nous est donné par la neurobiologie :
Notre cerveau recherche la sobriété énergétique
Bad news : le cerveau est l’organe le plus énergivore du corps humain.
Good news : il fait tout pour économiser l’énergie.
Imaginez-vous découvrant la candidature de votre patronne sur le site ARCOM. Vous êtes alerté ! Va falloir réagir, réfléchir, et se battre. En même temps, bon, la guerre n’est pas déclarée. C’est au pire une intention.
Bottom line : vous ne traiterez pas, juste parce que votre cerveau veut s’économiser.
Conclusion
A l’école, on nous a enseigné la rationalité. Des philosophes grecs à Descartes en passant par St Thomas, ce que nous devons faire se résume comme suit :
Comprendre ce que je vois.
Mais, de fait, non seulement nous résistons, mais en plus, notre cerveau veut rester sur off. Il faudrait donc désapprendre le conditionnement scolaire. Car le véritable enjeu est inverse :
Voir ce que je comprends.
Tous les journalistes, et leurs représentants, comprennent ce qui se produit.
Mais qui accepte de le voir ?
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Crédits
Photo titre :
Empruntée à la Web TV Blast de l’excellent Denis Robert. Nos excuses au photographe et au graphiste, anonymes, que nous ne pouvons donc citer. Cela dit, quelle illustration !
Texte :
Oncle Vince pour le texte principal.
Hommage à Audiard le Grand, auquel nous avons emprunté une formule exprimée par Bernard Blier dans les Tontons.